« La solitude dans laquelle on me renfermait devenait plus sévère à mesure que mes charmes se développaient. Je devenais régulièrement belle ; les miroirs me le disaient déjà. » (Souvenirs de Mlle Duthé, de Lamothe-Langon).
« Pendant tout ce temps, les filles du sérail sont libres, se visitent et s'assemblent, font leurs exercices de chant et de danses, font résonner les cymbales et les harpes, ou recherchent dans leurs miroirs des positions de corps nouvelles, des attitudes amoureuses et lubriques qui puissent arrêter les regards de l'empereur... » (Le Riche de la Popelinière, Histoire de Zaïrette, 1750).
Très présent dans la peinture du XVIIIe siècle, le thème du miroir est étroitement associé au rococo, qui se plaît au dédoublement et aux reflets :
« Les glaces, à l'époque, ne servent pas uniquement à admirer et elles sont bien plus que les témoins de tendres caresses ou de débauches crapuleuses. La signification en est plus large : elles se rattachent à ce qui constitue l'essence même du rococo. Celui-ci aime jouer sur deux tableaux à la fois dont l'un, proche de l'autre qui lui est en quelque sorte accolé, en est aussi le simulacre, selon les cas la caricature ou l'idéalisation. » (Jean Weisgerber, Le rococo. Beaux-arts et littérature, Paris, PUF, 2001)
Illustrations : deux toiles de Jean-Frédéric Schall :
- - Les appâts multipliés, femme à sa toilette, gouache sur papier, collection privée.
- - Étude de nu, vers 1780, Musée de Reims.