vendredi 26 avril 2024

La rêveuse.

"M. de *** sentit une joie extrême en me voyant. Il me prit gaiement dans ses bras, m'appuyant un gros baiser, badina un peu lourdement avec mon fichu, voulut rire sérieusement, fut vivement repoussé, entra en pourparlers, fit des propositions, me représenta la conduite de sa femme qui le trouvait trop mari, me fit sentir le besoin qu'il avait d'une petite consolation comme moi, en vint à des offres réelles, me tenta et m'arracha un demi-consentement que je promis tout entier après deux jours de réflexion, c'est-à-dire jusqu'à mon premier voyage. Content de ma promesse, il me laissa partir, et je revins toute rêveuse à la maison."

(Jean-Baptiste Choudart-Desforges,1798)

Illustration : François Boucher, La rêveuse, vers 1760. Source : Residenzgalerie, Salzburg.

Jacques Firmin Beauvarlet a tiré de ce tableau une jolie gravure, qui porte en pied les vers suivants :

"Tout, jusqu’à l’air qu’on y respire,

Sert à l’Amour dans ce lieu plein d’attraits.

Gardez-vous d’y rêver trop longtemps… Oh Thémire,

Ce Dieu malin pour vous séduire

Sous des fleurs à vos pieds s’est caché tout exprès." 

 


 


mardi 23 avril 2024

À l'horizon...

Les trois premiers romans de votre serviteur publiés par O barra O Edizioni ayant bien marché tant sur le net qu'en librairie, l'éditeur continuera à publier en langue italienne la série de mon héroïne Betty, jeune ethnologue strasbourgeoise amoureuse du Tibet. Le prochain tome, Une vengeance tibétaine, qui est le 3e de la série, s'annonce à l'horizon...

 


 

 

 

dimanche 21 avril 2024

À dix pas d'ici...

« — Ziska, à dix pas d’ici tu trouveras un escalier. Prends-le et monte vite à ta chambre ! Enferme-toi, et demain, fais comme si rien ne s’était passé !

— Vous m’avez sauvée ! Comment vous remercier…

— Plus tard, file ! »

 

Extrait de Le voyage de Ziska, de Bernard Grandjean, aux Éditions du 38. À retrouver ici:

https://www.amazon.fr/voyage-Ziska-Incursions-temporelles-ebook/dp/B082316PT2/ref=sr_1_1?_encoding=UTF8&keywords=Le+voyage+de+Ziska+Bernard+Grandjean&linkCode=xm2&qid=1574963443&s=books&sr=1-1

 Illustration d’Auguste Leroux (1871-1954), pour Casanova, Histoire de ma vie, ouvrage écrit en 1798.


 


mercredi 17 avril 2024

Les gardes-côtes...

Le théâtre et l’opéra sont au XVIIIe siècle une distraction très populaire. La vie des vedettes est déjà autant scrutée qu’aujourd’hui par les gazettes, à l’affût du dernier ragot, du dernier scandale.

Depuis la première moitié du XVIIIe siècle, la Comédie-Française donne chaque soir une grande pièce, tragédie ou comédie en cinq ou trois actes, accompagnée d’une petite pièce.

L’Académie royale de musique (l’Opéra) donnait ses spectacles (tragédies lyriques et opéra-ballets) au Palais Royal, jusqu’à l’incendie de 1763. Pendant la construction d’une nouvelle salle, les représentations eurent lieu dans la "Salle des machines" des Tuileries, qui brûla avec le reste du palais pendant la Commune. La nouvelle salle du Palais Royal, (3 000 places) fut construite par l’architecte Moreau et décorée par François Boucher. L’inauguration eut lieu le 20 janvier 1770, avec la reprise du Zoroastre de Rameau. Mais le sort s’acharnait : onze ans plus tard, le 8 juin 1781, un nouvel incendie la détruisait.

Deux pièces de Voltaire, Sémiramis (1748) et L’Orphelin de la Chine (1755) révolutionnent l’illusion théâtrale avec la suppression définitive en 1759 des banquettes occupées par les gentilshommes sur scène. Les décors et les costumes correspondent désormais au cadre historique des pièces.

"Un terme plaisant de l’argot des coulisses désignait, à l’Opéra, ces figurants de la danse sans vocation, sans dispositions, sans goût, condamnés à languir perpétuellement dans les emplois infimes. Comme ils ne passaient jamais à l’avant-scène pour y “tricoter” le moindre pas, comme ils y défilaient seulement, dans les marches d’ensemble, comme on les colloquait toujours à l’arrière-garde des ballets et que la toile de fond du décor représentait souvent des rochers ouvrant sur la mer, on les nommait ironiquement : les garde-côtes." (Noverre, Lettres sur les Arts imitateurs, 1807).

Illustrations :

-       Richard Cœur de Lion, scène 7 de l’acte I. Gravure de Claude Bornet (1786).

-       Le théâtre (fausse ruine) au château de l’Ermitage de la Margravine de Bayreuth.

-     Les Indes galantes, 1ere entrée, le Turc généreux. Bernardo Bellotto (1721-1780), dit Canaletto (comme son oncle) Estampe de 1758, BnF, Bibliothèque-musée de l’Opéra.

-       Le théâtre des Variétés amusantes à Paris (maintenant le Théâtre-Français), en 1789. Cette salle a aujourd’hui disparu.

-       Le programme de la Comédie-Française pour le mois de juin 1773.

 

Le faux théâtre antique au château de l’Ermitage de la Margravine de Bayreuth.

 

                                                Le théâtre des Variétés amusantes.

 

Richard Cœur de Lion

 

Les Indes galantes

 

 Programme de la Comédie-Française


vendredi 12 avril 2024

La Société de la Culotte

Le XVIIIe siècle a vu naître un très grand nombre d’ordres farfelus et de sociétés bouffonnes, dont les objectifs étaient variés : distraction des membres, défense des arts, etc. Ainsi, l’Ordre des Lanturlus, qui était présidé par sa Grande Maîtresse, la marquise de Ferté-Imbault. Il se réunissait dans une maison de plaisance du duc de Rohan. Autre exemple, la très excentrique société de la Culotte, fondée lors du relâchement des mœurs durant la Régence, par l'épicurien fermier-général Saint-Amarand (Jean-Hyacinthe Davasse de Saint-Amaranthe,1692-1770). Société ouverte aux deux sexes, ses statuts prévoyaient les dispositions suivantes (entre autres) :

« Profanes qui croyez peut-être,

Que la Culotte excite aux criminels désirs,

Apprenez à nous mieux connaître

Et que nous n'admettons que d'innocents plaisirs.

Celui de nous trouver ensemble,

Est le lien charmant de la Société,

Quand la Culotte nous rassemble

C'est pour nous une douce et sage volupté.

Dans nos délicieux mystères

Si le chagrin prétend troubler un sort si doux,

Nous le chassons à coups de verres,

La joie et les plaisirs règnent seuls parmi nous.

Mais de leur part les Culotines

Peuvent sans offenser la sévère pudeur,

Paraître quelquefois badines,

Une sage gaité ne craint point de censeur. »

 

En somme, de la gaité, mais du bon ton. Mais les Culotines et Culotins s’y sont-ils toujours tenus ? Qui saurait le dire…

 

Illustration : Watteau, les fêtes galantes…

 


 


jeudi 11 avril 2024

Si je fais un rapide calcul...

"Si je fais un rapide calcul, sachant qu’il y a à peu près 245 milles pour venir de Brigantium à Vesontio, ce qui représente, pour être généreux, une vingtaine de jours de voyage, il faudrait en conclure que cette esclave aurait coûté plus de 25 sesterces par jour rien qu’en nourriture ! Tu lui as servi quoi, à chaque repas ? De la tétine de truie au miel de Campanie farcie aux oursins de Carthage et à la chair de girafe ? De la murène pochée parfumée aux épices de l’Inde ?"

 

Extrait de "Alauda, l’alouette qui faisait danser les ours", par Bernard Grandjean, Éditions du 38.

 

https://www.editionsdu38.com/historique/503-alauda-l-alouette-qui-faisait-danser-les-ours.html 

 

Illustration : une rue de la cité de Vesontio (reconstitution de l’ISTA, Institut des Sciences et Techniques de l'Antiquité, Université de Franche-Comté).

 


 


lundi 8 avril 2024

Une souris !

"SOURIS. s.f. Petit animal à quatre pieds, plus petit que le rat, qui se retire dans les trous des maisons, & qui ronge les grains, la paille, les meubles, etc. Petite souris. Grosse souris. Les souris rongent les papiers. Le chat a pris la souris. Guetter comme le chat fait la souris.

On dit proverbialement d’un jeune enfant fort vif & fort éveillé qu’il est éveillé comme une potée de souris.

On dit proverbialement que la souris qui n’a qu’un trou est bientôt prise, pour dire, que quand on n’a qu’une ressource, on tombe bientôt dans l’inconvénient que l’on craint."

(Le Dictionnaire de l’Académie française. Quatrième Édition,1762.)

 

Illustration : Martin Drölling, "La femme et la souris". Le chat et l’enfant semblent très intéressés par la souris prise au piège…

Martin Drölling est un Alsacien né en 1752 à Oberhergheim, village proche de Colmar. Spécialisé dans les scènes d’intérieur, il s’était installé à Paris en 1779, ville où il est décédé en 1817.

 


 


mercredi 3 avril 2024

Étoile...

"On se rappelait encore le mot de lord Albermale, ambassadeur d'Angleterre, à Lolotte Gaucher, sa maîtresse : Cessez, ma chère amie, d'admirer cette étoile, vous me mettez au désespoir, je ne puis vous la donner"...

(Extrait des Souvenirs de Mlle Duthé, de l’opéra (1748-1830), par Étienne-Léon Lamothe-Langon.)

En illustration, une (é)toile magnifique : Anne Marie de Mailly-Nesle, représentée en point du jour, en 1740, par Jean-Marc Nattier (Versailles).

 


 


jeudi 28 mars 2024

Sur un cheveu...

Extrait du Journal des Dames pour l’année 1761 :

"Sur un cheveu ; par l’auteur de la fameuse églogue, au déclin d’un beau jour, une jeune bergère…"

"À sa toilette un jour l'aimable Célimène,

De l’un de ses cheveux aux mains me fit un nœud.

J'en ris d'abord, pensant que ce n'était qu'un jeu ;

J’osai la regarder, le cheveu devint chaîne."

Au XVIIIe siècle, les femmes élégantes se poudraient les cheveux, ce qui présentait deux avantages : leur donner de l’épaisseur, et les rendre propres (du moins le croyait-on, à une époque où on ne pratiquait guère les shampoings) afin de lutter contre les infections capillaires.

On utilisait différentes sortes de poudres afin d’éclaircir les cheveux ou de modifier leur couleur. Le blond cendré a été un temps très tendance. Plus surprenante est la mode des poudres grises : le XVIIIe siècle est bien le seul moment dans l’Histoire où les femmes ont tenu à se vieillir ! Le poème ci-dessus ne dit pas de quelle couleur était le cheveu de l’aimable Célimène…

Illustration : Jeune femme à sa toilette, par Johann Anton de Peters (1727-1795), peintre graveur allemand (localisation de l’œuvre inconnue). Peters fit l’essentiel de sa carrière en France, où il vécut jusqu’à la Révolution.

 


 


dimanche 24 mars 2024

La gaze légère...

"Dans tes beaux yeux, à la pudeur sauvage

Succèdent les molles langueurs,

Qui de nos plaisirs enchanteurs

Sont à la fois la suite et le présage.

Déjà ton sein doucement agité,

Avec moins de timidité,

Repousse la gaze légère

Qu’arrangea la main d’une mère,

Et que la main du tendre amour,

Moins discrète et plus familière,

Saura déranger à son tour."

(Évariste de Parny, Le lendemain, extrait, poème à Éléonore, 1778). Évariste de Parny (1753-1814) était né à l’Île Bourbon, qu’il quitta à l’âge de neuf ans. Ses poème seront très populaires au début du XIXe siècle, notamment ses élégies et ses poésies érotiques, publiées en 1778. Chateaubriand et Pouchkine l’admiraient beaucoup.

Illustration : Angelika Kauffmann (1783) : portrait de Caterina Odescalchi (1765–1839), duchesse de Bracciano, Sirmio et Ceri. Sa poitrine est couverte d’une gaze légère propre à inspirer un poète !

 


 

 

jeudi 21 mars 2024

Haute vallée...

"Dans les premiers lacets de la montagne, avant que la piste ne devienne rude, ils font une courte halte. Pendant que Pasang vérifie les sangles des bêtes et l’arrimage des bagages, Sambou contemple la haute vallée de la Rivière Turquoise, où s’étend le beau Pays des Genévriers-de-Perles..."

Extrait de "Le yak aux cornes d’or", par Bernard Grandjean, KDP-Publishing. Prix 3,5 Euros en édition numérique, 12,66 Euros broché.

Le roman est à retrouver ici : https://www.amazon.fr/dp/B0BV2F4B2F

Illustration : Haute vallée himalayenne, Ladakh (photo de l’auteur).

 


 


dimanche 17 mars 2024

La puce...

"PUCE. s.f. Sorte d'insecte qui s'attache principalement sur la peau des hommes, des chiens, &c. "

Dictionnaire de l'Académie française. Quatrième Édition. T.2, 1762.

 

Illustration :  

La puce, par Giuseppe Maria Crespi, vers 1720-30 (Musée du Louvre).

Grand maître de l'école bolonaise au XVIIIe siècle, est l'auteur de vastes tableaux religieux, mais également de scènes de genre de petites dimensions, dans lesquelles il traduit avec bienveillance les aspects les plus variés de la vie quotidienne de son époque. Dans sa pauvre chambre, Une femme – une artiste d’après l’épinette (instrument de musique à cordes pincées et à clavier de la famille des clavecins) et le programmer de concert au mur- cherche une puce dans sa chemise. Le petit chien de race et les jolies pantoufles, qui contrastent avec la pauvreté de la chambre, sont peut-être des cadeaux de son riche amant.

 


 

 

mardi 12 mars 2024

Bergère, méfiez-vous de l'amour....

"Bergère, dont la gloire est encor d'être sage,

N'approchez pas de ces berceaux.

Là, tout inspire la tendresse,

Ces roses, ces lilas, ces brillantes odeurs,

Ces parfums, cet encens qui s'exhalent des fleurs,

Y sont l'écueil de la sagesse. (…)

Mais si l'Amour vient embellir la scène

Et le tableau de l'univers,

Si ce ruisseau qui suit le penchant qui l'entraîne,

Si ce peuple d'oiseaux qui plane dans les airs,

Si ce troupeau bêlant qui bondit sur la plaine,

Si les chants des bergers,

Si les échos des bois,

Si toute la nature obéit à sa voix,

Croyez que des mortels ce dieu veut un hommage.

Ce dieu veut que l'on aime, il sait tout enflammer,

Et tout, dans l'univers, vous dit en son langage

Et vous apprend qu'il faut aimer."

(1777 - Lettres originales de Mirabeau écrites au donjon de Vincennes).

 

Illustration : François Boucher, « La bergère rêveuse » vers 1763. Residenzgalerie, Salzburg.

 


 


vendredi 8 mars 2024

Journée internationale de la femme.

 Heureux de participer, grâce à la reine népalaise (La Regina Nepalese) à la journée internationale de la femme.

(Publication de O Barra O Edizioni)

 


 

Puisque tu trouves le café bon...

Chonchette

Je ne te dis pas ça, mon enfant, pour t’affliger… Eh bien ! eh bien ! que fais-tu donc? Tu vas jeter des larmes dans ton café… Va, va, achève ta tasse… Il y a du remède à tout… A ton âge, je n’étais guère plus avancée que toi.

Minutte

Mais vous, mademoiselle, vous êtes une fille d’esprit. Ça fait la différence.

Chonchette

Eh bien ! tu n’as qu’à t’attacher à moi : je te donnerai les idées ; tu te tireras d’affaire comme les autres. Quand je t’aurai donné seulement deux ou trois claques sur le cul, tu ne te reconnaîtras pas… Ah ! ah ! tu ris à cette heure ! Allons, allons, puisque tu trouves le café bon, prends-en encore.

(Extrait des Tableaux des mœurs du temps, dialogue X, par Crébillon fils, 1750).

 

Illustration : Léonard Defrance 1735-1805, peintre liégeois : Femmes buvant le café (1763), dessus de porte, Musée d’Ansembourg (Musée des Arts Décoratifs de la ville de Liège).

 


 


mercredi 6 mars 2024

Menaces...

Retrouvée au fond d'un disque de sauvegarde, cette diapo scannée d'un jeune commerçant (boucherie ?), prise à Kaboul en 1978. Les inquiétants crochets métalliques planant sur la scène sont comme les fantômes des atrocités qui allaient s'abattre sur ce jeune garçon et la fillette de la photo...

 


 

mardi 5 mars 2024

La piste du retour...

"Ensuite, quand tous les rituels auront été accomplis, on démontera les tentes, et la caravane reprendra la piste du retour au dzong du Roc Rouge…"

Extrait de "Le yak aux cornes d’or", KDP-Publishing. Prix 3,5 Euros en édition numérique, et 12,66 Euros broché. À retrouver ici : https://www.amazon.fr/dp/B0BV2F4B2F

Illustration : Mongolie, 1978 – Photo de l’auteur.

 


 

samedi 2 mars 2024

La résistance inutile...

"(…) joint à cela que j’étais fort à mon aise, car il ne me restait de mon déshabillé qu’un petit jupon de bazin, dont notre agitation rompit les cordons. Il semble que le diable choisisse toujours cet instant pour faire quelques niches aux filles ; mon amant en profita : nous étions au pied du lit, il me prit… Je ne pouvais crier sans réveiller ma tante… Oui, il me prit entre ses bras, et me renversa sans pitié sur mon lit, où il se trouva aussitôt que moi. Le traître ne m’y tenait plus les mains… occupé à vaincre une résistance qui augmentait le prix de son bonheur, il devint heureux et me mit bientôt par son ardeur au point de lui demander moi-même ce qu’auparavant je faisais semblant de lui refuser. Ce sont de ces situations où il n’y a point de jolies femmes qui n’excusent la faute qu’elles entraînent : je m’en rapporte à celles qui liront mes aventures. Ce passage de ma vie doit infailliblement leur rappeler quelque moment de la leur."

(Les égarements de Julie, conte moral, 1756, attribué à Claude-Joseph Dorat, 1734-1780)

Illustration : La résistance inutile, par Jean-Honoré Fragonard (1732-1806). Huile sur toile. Dimension : 45x60,5 cm. Nationalmuseum Stockholm


 


dimanche 25 février 2024

Relations mère-fils.

Les relations entre Cupidon et sa maman Vénus (le père est le dieu Mars) sont tout sauf apaisées. Par exemple, une célèbre statue antique (Venus Pandemia, 160 apr. J.-C.), montre Vénus tenant dans sa main droite les ailes qu’elle vient d’arracher à Cupidon, afin de l’empêcher de voleter partout en déclenchant les amours des dieux et des mortels. Mais parfois, Cupidon se venge : dans ce magnifique dessin de Charles-Antoine Coypel (vers 1705-1708, National Gallery, Washington), on voit le jeune Cupidon occupé à chiper la couronne de fleurs de sa mère !

Vénus a subi bien des avanies ; par exemple la Vénus de Cnide, sculptée par Praxitèle, que l’on ne connait que par des copies romaines : un soir, un jeune homme se laissa enfermer dans le sanctuaire, désireux de s’unir à la sublime beauté de pierre… Car tous les hommes ne sont pas patients au point de demeurer immobiles en extase devant la merveilleuse déesse ; ainsi Gabriel Sénac de Meihlan (extrait d’un de ses petits poèmes érotiques publiés en 1775) :

"Pour Vénus elle-même,

 Pour la beauté ceinte du diadème,

Point ne voudrais du rôle d’attentif,

De soupirant, d’amant contemplatif.

Il m’en souvient, pendant toute une année,

D’avoir langui pour un tendron charmant,

Qui, sans pitié pour mon cruel tourment,

En fier vainqueur, me tint haut la dragée.

Jouer de l’œil, écrire des billets,

Faire l’aveu d’une ardeur réciproque,

Me paraissait un destin équivoque."

 



La rêveuse.

"M. de *** sentit une joie extrême en me voyant. Il me prit gaiement dans ses bras, m'appuyant un gros baiser, badina un peu lourde...