jeudi 30 novembre 2023

Alauda esclave...

 "— En la réceptionnant au lac Brigantinus, j’ai pris l’initiative de lui faire poser ce collier et une plaque d’esclave. Ton ami Demetrius avait eu l’imprudence de la laisser voyager seule, sans collier ni entraves ! Elle aurait pu se sauver sans que personne n’y prête attention"

Extrait de "Alauda, l’alouette qui faisait danser les ours", par Bernard Grandjean, Éditions du 38.

https://www.editionsdu38.com/historique/503-alauda-l-alouette-qui-faisait-danser-les-ours.html

Illustrations :

-    - Médaille de collier d’esclave avec l’inscription : TENE ME QVI A FVGI ET REBOC A ME IN BIA LATA AD GEMELLIN V MEDICV. Translittération : [Tene me, quia fugi(o) et reboca (sic) me in bia (sic) lata ad Gemellinu(m) medicu(m)
Traduction : Arrête-moi, car je me suis enfui et ramène-moi chez le médecin Gemellinus Via Lata. (Cabinet des médailles, BNF)

-    - Collier d'esclave en fer, romain, VIe-VIe siècle. L'inscription dit : "Je me suis enfui, retiens-moi. Lorsque tu m'auras rendu à mon maître Zoninus, tu recevras une pièce d'or". Rome, Musée National.

 



mardi 28 novembre 2023

La bonne aventure...

"Diseur de bonne aventure. Bohème et autre prétendu devin. Bonne aventure. Aventure heureuse. Il lui est arrivé une assez bonne aventure. Il se dit surtout des vaines prédictions de l'avenir, et particulièrement des prédictions qu'on fait sur l'inspection de la main." (Dictionnaire de l'Académie française, 1798.)

"— (…) vous avez raison, je vais leur dire la bonne fortune. (Il s'approcha de sa femme.) Allons, madame, commençons par vous.
La marquise lui livra sa main, dont il compta les lignes longues, courtes, directes et transversales ; ensuite il examina son visage; et après l'avoir regardée tendrement :
— Madame, lui dit-il, d'un ton qui annonçait combien il était content de lui, vous avez un mari qui vous amuse beaucoup par ses saillies, et que vous aimez à la folie.
— Fort bien, monsieur, répondit la marquise, en retirant sa main ; je ne veux pas en savoir davantage, je vois que vous êtes un grand sorcier."
(Louvet de Couvray, Les amours du chevalier de Faublas,1787-90).
 
Philippe Mercier - la diseuse de bonne aventure.
La belle dame en robe nacrée, sur laquelle se concentre la lumière, semble cernée par son destin…

samedi 25 novembre 2023

Deux romans...

Deux de mes romans que vous trouverez sur Internet, mais pas en librairie, pour la bonne raison que je ne les ai proposés à aucun éditeur :

-       - Le yak aux cornes d’or, roman d’aventures dans le Tibet médiéval. Le prince Sambou se trouve confronté aux rivalités féodales, aux trahisons familiales, aux envahisseurs mongols, et à l’amour… (12,66 Euros broché, 3,50 en version numérique). On peut le trouver ici :

https://www.amazon.fr/dp/B0BV2F4B2F

-       - Moi, Das, espion au Tibet, une biographie romancée d’un incroyable voyageur espion de la fin du XIXe siècle. (14,24 Euros relié, 3,50 en version numérique). Ce roman avait été édité en son temps par les Éditions Tensing, à présent disparues. On peut le trouver là :

https://www.amazon.fr/MOI-DAS-ESPION-AU-TIBET/dp/B09ZVFMRFS/ref=tmm_hrd_swatch_0?_encoding=UTF8&qid=1547100655&sr=8-1

 



 


mercredi 22 novembre 2023

Les yeux bleus...

"Une taille de nymphe, remplie de grâces ; le plus bel incarnat anime son teint de blonde ; ses grands yeux bleus ne demandent qu’à mourir pour ressusciter."

(Mirabeau, Le Libertin de qualité, 1784)

Illustration : Jacques Antoine Vallin, portrait d’une jeune femme en robe classique. Musée des Beaux-Arts de Dijon.

 



 

mardi 21 novembre 2023

Alauda parle aux oiseaux...

"Au village en contrebas, on prétend que la jeune rousse parle avec les oiseaux, et même avec les loups..."

Extrait de Alauda, l’alouette qui faisait danser les ours, de Bernard Grandjean, aux Éditions du 38.

https://www.editionsdu38.com/historique/503-alauda-l-alouette-qui-faisait-danser-les-ours.html

Illustration : Statuette hellénisante d’Aphrodite à la colombe, terre cuite polychrome, Tarente (Italie), 300 à 200 av. J.C., Musée Cantonal de Schaffhausen (Suisse).

 


 

vendredi 17 novembre 2023

Demoiselle Pouponne...

Les notes des Inspecteurs de M. de Sartine (qui amusaient fort Louis XV) ont cela de fascinant qu’elles permettent de suivre sur plusieurs années les destinées de ces actrices célèbres du XVIIIe siècle, qui, pour reprendre les mots des frères Goncourt, "vivantes, sont le scandale d’un siècle, et mortes, en sont le sourire ".
Je me suis amusé à suivre les aventures de la demoiselle Pouponne, danseuse à l’Opéra, au nom si charmant.
Elle apparait comme ayant les faveurs de M. de Vougny, mousquetaire gris, fort riche, qui « a quitté la demoiselle Dubois l’aînée, actrice aux Comédiens-Français, qu’il avait enlevée au comte de Sarsalle. "Il est amoureux fol de la demoiselle Pouponne, danseuse à l’Opéra, et lui fait les propositions les plus avantageuses pour l’engager à renoncer à M. de Brancas, qui est présentement à l’armée ; mais jusqu’à ce jour il n’a rien gagné. Elle (…) a même menacé sa tante, avec laquelle elle demeure et qui la sollicite sans cesse en faveur de M. de Vougny, de se séparer d’avec elle et d’en écrire à M. de Brancas. Tant de sentiments dans une jeune personne étaient inconnus jusqu’alors à l’Opéra."
Mais cette belle fidélité ne dure pas :
"La demoiselle Pouponne, qui jusqu’à ce jour avait résisté avec tant de fermeté à toutes les attaques qui lui avaient été portées, pour manquer à M. de Brancas, a enfin cédé au torrent. C’est aujourd’hui M. de Vougny qui jouit de ses jeunes appas. (…) M. de Vougny paraît enivré de son bonheur, tandis que la demoiselle Dubois, de la Comédie-Française, qu’il entretenait auparavant, se désole de l’avoir perdu. "
Mais l’infidèle est punie :
"M. de Vougny se conduit assez mal avec la demoiselle Pouponne, qu’il a enfin subjuguée par ses cadeaux et par ses promesses encore plus brillantes. Ce monsieur ne se presse pas d’en effectuer aucune ; aussi Pouponne lui a-t-elle refusé absolument sa porte et lui a juré qu’il ne mettrait pas les pieds chez elle, qu’il n’eût accompli de lui donner tout ce qu’il lui a promis. "
Après différents épisodes, Mlle Pouponne revient au duc de Brancas :
"La demoiselle Pouponne est allé s’installer pour tout l’été à la maison de campagne de M. le duc de Brancas. Elle ne viendra à Paris que les jours de spectacle ; elle s’est fait faire de très jolis habits d’homme, et c’est dans ces vêtements qu’elle doit passer tout l’été. M. de Brancas en est toujours fort amoureux ".
Enfin, last but not least :
"La demoiselle Pouponne est accouchée mardi dernier, certainement des faits de M. de Brancas. Mais ce qu’il y a d’extraordinaire dans cette couche, c’est que cette demoiselle a porté son enfant onze mois (…). Depuis plus de huit mois, on lui faisait prendre les breuvages les plus forts. Il est étonnant qu’elle n’ait point avorté. Tant d’obscurité dans la science de ces messieurs est bien étrange."
Notons enfin que la célèbre compositrice Germaine Taillefer (1892-1983), membre du Groupe des six (avec Poulenc, Honegger, Durey, Darius Milhaud), a composé en 12955 un opéra-bouffe, "La fille d’Opéra", dont l’intrigue se situe à Paris, sous le règne de Louis XV. Et qui en est l’Héroïne ? La jeune Pouponne, qui mène joyeuse vie, et dont un riche amant épongera les dettes et fera d’elle la reine de l’opéra.
Délicieuse demoiselle Pouponne…
Illustration : Louis Léon de Brancas-Villars, 1733-1824, par Carmontelle. Outre deux filles légitimes, il eut 4 enfants de sa principale maîtresse, la célèbre actrice Sophie Arnould.
 
 

 

 

Book City Milano 2023

Demain 18 novembre, dans le cadre du Salon du livre de Milan (Book City Milano 2023), se tiendra une rencontre publique entre Marilia Albanese, auteure de nombreux ouvrages et chargée de cours (culture indienne) à l’université de Milan, et l’anthropologue Francesco Bavin. Le thème : "la démone du Tibet et la reine népalaise ; naissance du Pays des Neiges". Mon roman La reine népalaise sera le livre de référence de cette rencontre.
J’en suis heureux, non pour ma gloriole personnelle, mais pour le Tibet. À l’heure où de multiples drames focalisent l’attention internationale, il reste des personnes pour se souvenir du Tibet. Honneur à elles, tant il est prouvé, une fois de plus, que nos indignations sont généralement sélectives, et résistent mal sur la durée.
 
 
La Lhacham Yeshi Dölma, photographiée au Tibet en 1879 par Sarat Chandra Das, personnage hors norme sur lequel j’ai également écrit un roman…

Charpoy...

"Le charpoy était aussi inconfortable pour dormir que pour s’aimer…"

Extrait de Tigres et Châtiments, par Bernard Grandjean, aux Éditions du 38


https://www.editionsdu38.com/fr/cosy-mystery/91-tigres-et-chatiments-tome-6.html

 

 

Radha et Krishna - Miniature indienne, vers 1830. Metropolitan Museum of Art.

 


mardi 14 novembre 2023

Un lac dangereux...


"Devant eux s’étend le lac Brigantinus, vaste comme la mer. Sous ses allures placides, ce lac est dangereux, les coups de vent y sont traîtres, mais il est un moyen sûr et rapide pour voyager et commercer."

Extrait de "Alauda, l’alouette qui faisait danser les ours", Éditions du 38.

 https://www.amazon.fr/Alauda-Lalouette-faisait-danser-ours-ebook/dp/B0C7L9H6QN

 

Illustration : Pompéi, maison du poète tragique.

lundi 13 novembre 2023

De la bouteille aux verres...

Le jeune garçon :

"Je veux dans le vin

Noyer mon chagrin,

L’Amour trop sévère

Me désespère,

Je me plains en vain,

Dieu de la table,

Sois-moi secourable,

Change mon destin :

Viens me rendre heureux,

Tu peux par tes charmes

Calmer les alarmes

Des cœurs amoureux."

 

La jeune fille :

"Aux yeux d’un amant

Fidèle et charmant

Je parus aimable,

Mais peu traitable,

Je plains son tourment.

Plus il s’empresse,

Moins ma fierté cesse,

Mon cœur la dément :

Ne peut-il, grands Dieux,

Me surprendre à boire,

Il verroit la gloire

Peinte dans mes yeux.

À ce vainqueur

De mon tendre cœur,

Je ferois à table

L’aveu favorable

De ma vive ardeur :

C’est mon destin

D’être véritable

Le verre à la main."

(Extraits de chansons du Recueil d'Airs sérieux et à boire de différents auteurs pour l'année 1701).

Illustrations : deux toiles de Philippe Mercier, (Berlin 1689- Londres 1760), peintre allemand d’origine française (Huguenot). Spécialiste des portraits et des scènes de genre, il fit l’essentiel de sa carrière en Angleterre.

 



 


mercredi 8 novembre 2023

Ma bouteille chérie...

 

"À ma bouteille.

VIENS, ô ma Bouteille chérie,

Viens enivrer tous mes chagrins.

Douce compagne, heureuse amie,

Verse dans ma coupe élargie

L’oubli des dieux & des humains.

Buvons, mais buvons à plein verre ;

Et lorsque la main du sommeil

Fermera ma triste paupière,

Ô Dieux, reculez mon réveil !

Qu’à pas lents l’aurore s’avance

Pour ouvrir les portes du jour :

Esclaves, gardez le silence,

Et laissez dormir mon amour"

(Évariste de Parny, poèmes érotiques, 1778).

Illustration : Homme tenant une bouteille de champagne. D’après Alexis Grimou ( 1678-1733) - Musée du Louvre

 


 

lundi 6 novembre 2023

Loterie

Les dangers des jeux de hasard, déjà au XVIIIe siècle…
 
"De fait, outre le souci de sa fille, la maman avait une passion non moindre pour la loterie, de la cabale et des songes prenait conseil, et en l'argot de la magie latine ou hébraïque conjurait, invoquait les âmes, tirait des augures. Pour jouer à la loterie, elle vendait tout : la loterie et sa fille, sa fille et la loterie ; jamais d'autre chose ne l'occupait, peu ou prou."
"L'autorité publique, sur cette terre, provoque aux pillages et aux massacres, et soutient la loterie, pour la ruine et la perte de tous : l'un vous prend votre argent, l'autre la vie. Vraiment l'humanité calcule mal et s'égare, par la cupidité toujours trahie."
(Conte italien du XVIIIe siècle : la loterie- extrait).
 
"L'Abbé Fleur (fut) pendu publiquement à Paris pour avoir contrefait des billets de Loterie. Comme ce petit Colet faisait la grimace et ne voulait pas monter de bonne grâce sur l'échelle, le Bourreau lui dit : comment M. l'Abbé, vous faites l'enfant !"
(Extrait de L'Arretin, par Henri-Joseph Laurent, 1763)
 
Illustration : Georg Christoph Kilian, "La loterie", mezzotinte et eau-forte, seconde moitié du XVIIIe siècle, British Museum.
 
 

 

 

vendredi 3 novembre 2023

La belle Hébé...


On avait au XVIIIe siècle le goût du portrait historié. Il est courant pour les jeunes femmes de l’aristocratie de se faire représenter en élément (eau, Terre, feu) ou en déesses - Vénus, Diane, Cérès, Pomone… et autres personnages antiques - Nymphe, Vestale, etc. Beaucoup choisirent de se faire portraiturer en  Hébé, la déesse grecque personnifiant la jeunesse, la vitalité et la vigueur ; à Rome, on appelait cette déesse Juventas. Ce choix présentait l’avantage pour le sujet de se montrer vêtu d’une robe blanche légère à l’antique, voir avec un sein découvert, sans contrevenir à la morale. D’ordinaire, le peintre ajoutait une coupe, puisqu’Hébé servait le nectar aux dieux, plus quelques fleurs, et parfois un aigle dans le ciel. Des artistes tels que Hyacinthe Rigaud, François Hubert Drouais, Nattier, Pierre Gober, Élisabeth Vigée Le Brun, etc. nous ont laissé de tels portraits en Hébé de femmes de leurs temps. Cette mode, commune aux styles Rococo, néo-classique, et "grande maniera" de Nicolas Poussin, perdurera au XIXe siècle.

Dans ses Réflexions sur quelques causes de l’État présent de la peinture en France (1747), Étienne La Font de Saint-Yenne décrit l’essor du phénomène en l’expliquant par son effet flatteur sur la représentation des jeunes et jolies femmes. En clair, bien des femmes qui ne sont plus d’une certaine jeunesse, trouvent là le moyen de se rajeunir et de se faire admirer… et le peintre de se faire grassement payer en reconnaissance !

Illustration : Jean-Marc Nattier, Charlotte-Louise de Rohan-Guéménée en Hébé, 1738, huile sur toile, 125 × 97 cm, Versailles, châteaux de Versailles et de Trianon. Tous les attributs de Hébé sont là : la coupe de nectar, l’aigle, les fleurs dans la chevelure. La robe découvre plus qu’elle ne couvre la poitrine, soulignée par cette rivière de perles qui attire le regard vers son sein. Le titre exact de l’œuvre est Charlotte-Louise de Rohan-Guéménée, princesse de Masseran et marquise de Crèvecoeur. Dite Mademoiselle de Rohan, elle naquit en 1722, fille d'Hercule II Mériadec de Rohan-Guémené et de Louise de Rohan. Elle avait donc 16 ans lorsqu’elle posa pour Nattier. En 1737, à 19 ans, Charlotte-Louise épousa Victor-Amédée-Philippe Ferrero Fieschi, Prince de Masserano, ambassadeur d'Espagne à Londres (c’était un Italien naturalisé espagnol). Ce titre de marquise de Crèvecœur que portait la belle Charlotte-Louise lui allait comme un gant, ou comme une robe d’Hébé : son mariage a dû être un crève-cœur pour bien des soupirants…

 


 


La rêveuse.

"M. de *** sentit une joie extrême en me voyant. Il me prit gaiement dans ses bras, m'appuyant un gros baiser, badina un peu lourde...