"Bergère, dont la gloire est encor d'être sage,
N'approchez pas de ces berceaux.
Là, tout inspire la tendresse,
Ces roses, ces lilas, ces brillantes odeurs,
Ces parfums, cet encens qui s'exhalent des fleurs,
Y sont l'écueil de la sagesse. (…)
Mais si l'Amour vient embellir la scène
Et le tableau de l'univers,
Si ce ruisseau qui suit le penchant qui l'entraîne,
Si ce peuple d'oiseaux qui plane dans les airs,
Si ce troupeau bêlant qui bondit sur la plaine,
Si les chants des bergers,
Si les échos des bois,
Si toute la nature obéit à sa voix,
Croyez que des mortels ce dieu veut un hommage.
Ce dieu veut que l'on aime, il sait tout enflammer,
Et tout, dans l'univers, vous dit en son langage
Et vous apprend qu'il faut aimer."
(1777 - Lettres originales de Mirabeau écrites au donjon de Vincennes).
Illustration : François Boucher, « La bergère rêveuse » vers 1763. Residenzgalerie, Salzburg.
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