Voici venir l’été, les vacances, du temps pour lire… Mais attention aux mauvais livres !
Le siècle des
Lumières connut une considérable production d’ouvrage libertins, érotique, voir
pornographiques. Le premier livre érotique français connu est "L’escole des
filles, ou la philosophie des dames", d’un auteur anonyme, paru en 1665 à
Paris, vendu sous le manteau et suivi par de nombreuses contrefaçons imprimées
en Hollande et ailleurs.
Il était le
premier d’une longue cohorte. Ces livres, souvent agrémentés de gravures à
faire rougir un régiment de hussards (expression XVIIIe), étaient si répandus malgré
les interdictions que de nombreux moralistes s’inquiétèrent de l’influence
corruptrice qu’ils pouvaient avoir… en particulier sur le lectorat féminin, ô
combien sensible ! On soupçonnait ces lectures de pousser ces malheureuses
aux pires extrémités des sens…
"Il
me parut cependant que ce livre l'animait ; ses yeux devinrent plus vifs ; elle
le quitta, moins pour perdre les idées qu'il lui donnait, que pour s'y abandonner
avec plus de volupté."
Extrait de "Le Sopha, conte moral", par Crébillon fils,
1740.
"—
(…) Au lieu de reprendre ses bouquins, il empocha deux de mes grammaires. Oh !
quand je m’aperçus du quiproquo, et que je jetai les yeux sur ces vilains
livres… En vérité, maman, je fus bien attrapée !
— Vous
avez donc feuilleté ces horreurs ?
— Ce
sont des horreurs, maman ? Oh bien, je n’en savais rien, je n’ai pu comprendre
un seul mot de quelques passages que j’ai voulu lire par-ci, par-là.
— Et
ces infâmes gravures, vous y êtes-vous arrêtée ?
— Fi
donc, maman ! On ne voit là-dedans que des c.. ! J’ai pris cela pour des livres
de médecine !
Dupe de ma feinte ingénuité, elle ne put s’empêcher de
sourire. Ainsi la paix était faite…"
Extrait de "Mon noviciat, ou les joies de Lolotte",1792
André-Robert Andréa
de Nerciat (1739 – 1800).
Rappelons à qui est à la recherche de lecture d’été que La
demoiselle de Rosling (Éditions du 38) est un excellent roman, à mettre (presque)
entre toutes les mains, et dont le XVIIIe siècle n’est point absent !
Illustration
La lectrice, œuvre de 1783 de Jean Honoré Fragonard avec sa belle-sœur et élève
Marguerite Gérard (1761-1837) The Fitzwilliam Museum.
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