"(…) elle ne fit pas attention à la voiture arrêtée à hauteur de la boutique, ni aux deux hommes campés devant. Elle ne comprit pas ce qui lui arrivait quand des mains l’empoignèrent tandis qu’on lui passait un sac sur la tête. Sans même avoir le temps d’appeler à l’aide, elle fut jetée dans la voiture qui démarra sèchement, dans un claquement de fouet"
Je me suis amusé à placer une scène d’enlèvement dans mon roman Le voyage de Ziska (Éditions du 38), https://www.amazon.fr/voyage-Ziska-Incursions-temporelles-ebook/dp/B082316PT2/ref=sr_1_1?_encoding=UTF8&keywords=Le+voyage+de+Ziska+Bernard+Grandjean&linkCode=xm2&qid=1574963443&s=books&sr=1-1 en clin d’œil à la littérature du XVIIIe siècle. L'exemple le célèbre est peut-être celle de l’enlèvement de Clarissa Harlowe par l’ignoble Lovelace, dans le roman épistolaire éponyme de Samuel Richardson, un auteur que Jane Austen admirait beaucoup (roman paru à Londres 1748, traduit en français par l’abbé Prévost en 1751). Clarissa, poussée par sa famille à accepter un riche, mais odieux prétendant, s'enfuit avec le libertin Lovelace, qui a conçu pour elle une ardeur d'autant plus forte que Clarissa lui résiste. Lovelace finira par la violer après l’avoir droguée, afin de la forcer à l’épouser. Bien entendu, dans mon roman, de telles horreurs n’arrivent pas à Franziska, jeune fille du XXIe siècle égarée au XVIIIe ! Face au comportement abominable de Lovelace, Clarissa refuse de l’épouser, et meurt de maladie. Le coupable mourra volontairement en duel afin d’expier sa faute.
Clarissa est emblématique du genre "roman sensible", au même titre que L'Ingénu de Voltaire, Les Liaisons Dangereuses de Laclos ou encore La Nouvelle Héloïse de JJ Rousseau. On y retrouve des situations pathétiques et des stéréotypes tels que la jeune fille innocente, le grand seigneur libertin, la rédemption par l'amour et même des scènes sensuelles. L’entrecroisement du vice et de la vertu est une révélation pour le lecteur de l’époque ; l’analyse psychologique des personnages fait de Richardson l’un des fondateurs du roman moderne, et de Clarissa un roman majeur de la littérature britannique.
Illustrations :
Clarissa Harlowe par Sir John Everett Millais (1829-1896)
Lovelace se prépare à enlever Clarissa, par Francis Hayman (1708-1776)
L’enlèvement de Clarissa Harlowe, par Edouard Louis Dubufe (1819-1883)
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