Les peintres du XVIIIe siècle parsemaient leurs toiles d’indices riches de sens, jusqu’à en faire de véritables charades : ainsi la cruche, intacte ou cassée (on devine l’idée), la canne et la mandoline symbolisant respectivement virilité et féminité, la cage du petit oiseau, parfois vide, parfois occupée, etc. Chaque détail, chaque geste, concours à nous faire saisir une situation, les intentions et les sentiments des personnages.
Ainsi, cette toile de Jean-Baptiste Greuze (1725-1805), "jeune fille pleurant son oiseau mort". Diderot, qui fit la critique de ce tableau présenté au salon de 1765, ne s’y laissa pas prendre : Le sujet de ce petit poème est si fin, que beaucoup de personnes ne l’ont pas entendu ; ils ont cru que cette jeune fille ne pleurait que son serin… Ne pensez-vous pas qu’il y aurait autant de bêtise à attribuer les pleurs de la jeune fille de ce Salon à la perte d’un oiseau, que la mélancolie de la jeune fille du Salon précédent à son miroir cassé ? Cet enfant pleure autre chose, vous dis-je.
Autre exemple, cette toile de Fragonard, la cage, vers 1760, (The Norton Simon Foundation, Pasadena) : "Le berger présente entre ses mains une blanche et fidèle colombe, qui aspire à rejoindre le nid brandi haut par la jeune bergère. De l’autre main, celle-ci tient discrètement la corde qui déclenche le piège à oiseaux situé en contrebas : manière de signaler que, si la colombe n’est pas fidèle, des remplaçants sont faciles à trouver".
(Ce commentaire est du Professeur Jacques Bousquet, archéologue, professeur d’Histoire de l’art, qui était passé maître en ces interprétations).
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