mercredi 6 décembre 2023

Superpositions, recto verso...

Superpositions, recto verso, ou quand une peinture peut en cacher une autre… Le beau siècle avait, comme on le sait, élevé le libertinage au rang des beaux-arts. Mais tout le monde ne pouvait pas se permettre d’accrocher des toiles osées dans son salon. Elles étaient en général réservées à des pièces privées : boudoirs, chambres à coucher, cabinets de toilette… Mais on pouvait aussi ruser, comme le fit Meytens pour son œuvre fameuse, la nonne en prière.

Martin van Meytens (1697-1770) est un peintre suédois qui s’installa à Vienne, où il devint le portraitiste préféré de l'aristocratie. En 1732, il fut même nommé peintre de la cour de l’impératrice Marie-Thérèse, et en 1759 directeur de l’Académie des Beaux-Arts de Vienne. Meytens était un maître du portrait baroque, un homme en vue et un bel esprit. Ça ne l’empêchait pas d’être un polisson. C’est ainsi qu’il peignit en 1731 un petit tableau sur cuivre, destiné au cabinet de toilette du comte Tessin, lieu privé que ne fréquentaient pas les femmes… Mais la plaque de cuivre est peinte des deux côtés : l’un la montre en prière, avec le détail saugrenu en arrière-plan d’une autre nonne à l’air affolé. Quand on, retournait le tableau, on découvrait pourquoi… Meytens était un protestant qui n’hésitait pas à se moquer des catholiques !

On pratiquait aussi l’astuce de la superposition, une toile sage en masquant une autre, qui ne l’était pas. C’est ainsi que le financier Randon de Boisset commanda quatre toiles à Boucher pour son fumoir. Deux peintures en cachaient deux autres, et je vous laisse le soin d’imaginer celles qui étaient visibles et celles qui ne l’étaient pas. Outre qu’il garantissait le propriétaire contre tout regard non souhaité, le procédé avait l’avantage de permettre de faire des surprises aux amis… Succès assuré !

Illustrations: 

-       Nonne en prière », de Martin van Meytens (Stockholm, 1695 – Vienne, 1770), vers 1731. Huile sur cuivre, 31x28, Stockholm, National Museum).

 



 

-       Boucher : L’enfant gâté, La gimblette, (Staatliche Kunsthalle, Karlsruhe), La jupe relevée, L’œil indiscret (Collection privée). Les quatre toiles sont datées de 1742.

 


 

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