jeudi 21 décembre 2023

Mlle Bellecour, reine des soubrettes...

Rose-Perrine Le Roy de La Corbinaye (1730-1799) était la fille de François Michel Le Roy de La Corbinaye, noble devenu comédien forain, et de son épouse, Rose Françoise Brouillard.

Son père, médiocre acteur fait entrer Rose à l’Opéra-Comique en 1743 (elle a donc 13 ans, ce qui paraît bien jeune pour affronter cette carrière et ce milieu…). Après avoir adopté le nom de scène de Mlle Gogo, elle se fait appeler Mlle Beauménard lorsqu'elle débute en 1749 à la cour de Versailles et à la Comédie Française. En 1761, elle épouse le comédien Bellecour, dont elle prend le nom pour la scène. Entre 1765 et 1790, elle apparaît à la Comédie Française dans les pièces de Molière, Racine, Marivaux, Piron, Voltaire, Vigée, Goldoni, etc. Elle se retire définitivement en 1791.

Denis-Pierre-Jean Papillon de La Ferté, intendant et contrôleur de l'argenterie, menus-plaisirs et affaires de la chambre du Roi, connut certaines démêlées avec Mme Bellecour, qu’il rapporte dans son journal :

"Mardi 3 septembre (1770) – J’ai parlé, hier, à l’assemblée des Français, différents arguments pour les emplois des acteurs. J’ai notifié à Mme Bellecour d’abandonner les soubrettes pour se charger des rôles de caractère, ce qui souffre beaucoup de difficultés (une note de bas de page précise que Mme Bellecour commençait en effet en 1770 à être un peu mûre pour jouer les soubrettes). Les comédiens prétendent que les jeunes soubrettes actuelles ne sont pas encore en état de tenir l’emploi en chef, attendu qu’elles ignorent la tradition que la dame Bellecour peut seule leur donner. Cet ordre a donc excité beaucoup de mouvements dans les esprits..."

Il faut dire que Madame Bellecour, immensément populaire, était un monument du théâtre de l’époque, et d’abord dans les rôles de soubrette:
" Elle passait pour être l’actrice qui a toujours le mieux senti et exprimé le rôle de Nicole, servante du Bourgeois gentilhomme. Elle lui remontrait ses sottises avec une gaieté et une vérité que Molière seul pouvait imaginer et que madame Belcour semblait être née pour exprimer parfaitement, car jamais avec une physionomie si comique on n’a ri de meilleure foi. Tout était animé dans ses traits, jamais sa gaieté ni la volubilité de son expression n’ont cédé même aux talents du fameux Préville, nom célèbre auquel le sien fut toujours associé. On disait, en allant voir jouer les pièces de Molière : Nous y verrons Préville et madame Belcour. "  (Galerie dramatique, ou Acteurs et actrices célèbres qui se sont illustrés sur les trois grands théâtres de Paris. 1809)

 

Portrait de Mlle Bellecour


 Portrait de Denis-Pierre-Jean-Papillon-de-La-Ferté.

 

 


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