C’est à Sessenheim, en Alsace, en 1770, que Goethe (1749-1832), étudiant à Strasbourg, fit la rencontre de Frédérique Brion, fille du pasteur
du village. Il avait accompagné un de ses amis qui en était un proche.
La jeune
fille était alors âgée de 18 ans, et Goethe en avait 21. Entre eux naquit une
idylle, que le poète relatera dans son autobiographie "Poésie et Vérité". Mais
cet amour ne dura que dix mois, car Goethe, présentant sa haute destinée,
estimait impossible un mariage aussi modeste (ceci ajouté au fait que le futur
grand homme était un coureur de jupons). Il lui expliqua ouvertement ses doutes,
et ils se séparèrent bons amis – du moins en apparence.
Goethe réapparut brièvement à Sessenheim en 1779, et Frédérique
ne lui adressa aucun reproche, en dépit de la peine qu’il lui avait fait endurer.
La jolie Frédérique ne se maria jamais, malgré de nombreuses
propositions, dont celle du célèbre écrivain et dramaturge Jakob Lenz, arrivé
en Alsace en 1771 (il faut dire qu’il était passablement cinglé, et qu’il
épouvanta la jeune fille en mimant son suicide). Frédérique mourut à l’âge de 60 ans. Sur sa tombe, on
peut lire les vers d’un jeune poète d’alors, Friedrich Gessler, originaire de
Lahr, petite ville badoise :
Ein Stral der Dichtersonne fiel auf sie,
So reich,
daß er Unsterblichkeit ihr lieh !
(Un rayon de soleil du poète tomba sur elle,
Si riche qu’il lui conféra l’immortalité !)
Je vous invite à lire la jolie description (en annexe et en
traduction française) que le cruel Goethe fit de sa première rencontre avec Frédérique.
Elle le marqua peut-être plus qu’il ne le laissa paraître, car on dit que c’est d’elle qu’il
s’inspira pour créer le personnage de Marguerite dans Faust.
Ci-joint aussi un portrait de Frédérique, une vue du petit
musée Goethe au village de Sessenheim, ainsi que de l’église où les deux
amoureux allaient religieusement écouter, assis au premier rang, le prêche dominical
du père de Frédérique.