lundi 7 novembre 2022

Parlons couture !

Au XVIIIe siècle, les dames ornaient souvent leur décolleté d’un joli nœud de taffetas ou de soie, ou, chez les plus fortunées, d’une broche de brillants. Parfois, on y glissait simplement une rose, présentant le double avantage de décorer… et de masquer par son parfum les odeurs corporelles… Inutile de préciser qu’on en avait préalablement enlevé les épines ! L’objectif principal était clair : attirer les regards masculins sur des appâts séduisants. 

Cette mode avait été lancée au siècle précédent, et se poursuivra au suivant. Cet ornement portait un nom : le "boute-en-train" ; en soi tout un programme ! On lui donnait également le nom de "tâtez-y", ce qui est encore plus clair…

Ci-joint, quelques exemples.

La dernière image, une toile de 1785 attribuée au strasbourgeois Jean-Frédéric Schall et conservée à Paris au Musée Cognacq-Jay, intitulée "l'amour frivole", pourra sembler en effet assez frivole. Ce genre d'incident, dû à la profondeur des décolleté et qui survenait volontiers,  comme ici, lors d'un assoupissement, n'était pourtant pas rare...

 





 


mercredi 2 novembre 2022

À propos de tablier...

L’homme le plus grossier et l’esprit le plus lourd
sait qu’un Laisse-tout-faire est un tablier fort court :
J’en porte un par hasard qui sans aucune glose,
exprime de soi-même ingénument la chose..."

 

(Illustration: Watteau, la dance)


 

dimanche 23 octobre 2022

Le parc aux Cerfs...

 

Lugeac, dont je vous parlais dans mon précédent post, n’avait pas que des côtés flatteurs.

Neveu de la marquise de Pompadour, le dernier Seigneur de Lugeac, Charles Antoine de Guérin (1720-1782), fut témoin, et parfois acteur, de l’un des scandales les plus célèbres du règne de Louis XV.

Avec le valet Lebel (tous deux avaient beaucoup perdu au jeu…), il fut en effet l’un de ceux chargés de fournir de jolies gamines destinées aux plaisirs du roi, le fameux pavillon (petit, discret) du quartier dit du Parc-aux-Cerfs. Cette maison avait été créée à l’initiative de la marquise de Pompadour, afin de se soustraire aux assauts du roi, pour lesquels elle n’avait plus d’appétit…

Les deux compères sélectionnaient des filles d’une quinzaine d’années (c’était le goût royal), vierges ou supposées telles. Elles patientaient dans ce pavillon, attendant d’être conduites à la couche de Louis XV. Quand le roi s’en lassait, ou qu’elles devenaient enceintes, on les mariait dare-dare à quelque vieil hobereau d’une lointaine province. La plus célèbre fut la fameuse jeune Morphise, ou encore Mademoiselle de Morphgy (Marie-Louise O'Murphy), immortalisée par Boucher. Son cas est bien connu, mais j’y reviendrai quand même… Une autre de ces très jeunes pensionnaires est également restée célèbre, même si l’histoire n’a pas retenu son nom : dépêchée au lit du roi, elle refusa de se laisser faire, et le roi dut la poursuivre à travers la chambre. Comme on était en hiver et qu’il était nu, il s’enrhuma. La Cour fit de ce rhume des gorges chaudes, si je puis dire.

La gravure jointe illustrant le portail du Parc-aux-Cerfs est extraite d’un pamphlet républicain de 1790, qui insistait non pas sur l’immoralité, mais sur … le coût exorbitant de la débauche royale !




 

mardi 18 octobre 2022

Le beau Lugeac...

Parmi les personnages baroques d’un siècle au moins partiellement baroque, il convient de citer Charles Antoine de Guérin, marquis de Lugeac (1720-1782), dit le Beau Lugeac, surnom que lui attribua Voltaire. Le jeune homme, favori du roi Louis XV, proche de la Pompadour et coqueluche de ces dames, était un grand militaire et un grand séducteur.

Il participa à la bataille de Raucoux, le 11 octobre 1746. Voltaire rapporte même que les dames « se firent apporter des sièges sur un bastion de la ville de Liège pour jouir du spectacle ». Lugeac y fut blessé au visage d’un coup de mousquet autrichien : il eut les joues transpercées et perdit un morceau de langue dans l’affaire. 

Le marquis d’Ayen (1713-1793, duc de Noailles), qui jalousait le beau Lugeac, se réjouit de cette perte. S’adressant à plusieurs dames de la Cour, il déclara avec une joie mauvaise que Lugeac ne saurait plus leur tenir à l’avenir de longs discours sur leur beauté… Voilà qui est fort bien, répondit l’une, ce ne sera qu’un préambule de moins !

Ci-dessous, un portrait de Louis de Noailles trouvé sur internet (collections du château de Versailles) ; on peut comprendre que physiquement, il ne devait pas être en mesure de rivaliser avec le Beau Lugeac, même si je n’ai pas trouvé sur internet de portrait de ce dernier…

Ci-dessous également une scène de la bataille de Raucoux, par Pierre L’Enfant (1704-1787).

 



 


mardi 11 octobre 2022

Le courtisan...

" Insecte ailé, papillon de toilette,

Il possédait la chronique du jour,

Savoir à fond la mode et l’étiquette,

Vif, enjoué, fertile en jolis riens… "

 

Au XVIIIe siècle comme aujourd’hui, le courtisan…

 

 


 

Portrait du marquis de Saint-Paul, par Jean-Baptiste Greuze, 1760 – Rijksmuseum.


lundi 3 octobre 2022

La Fontaine et Fragonard

Ce bon Jean de La Fontaine (1621-1695) ne consacrait pas tout son temps aux corbeaux et aux renards. Le fabuliste moralisateur était aussi un libertin, auteur de contes libertins inspirés d’auteurs tels que l’Arioste ou Boccace. La Fontaine les a réécrits à sa manière ; il avait par exemple une expression bien à lui pour désigner le sexe des femmes, qu’il désignait comme leur « petite solution de continuité »...

La publication de ses contes sera interdite, ce qui ne les empêche pas de circuler pendant tout le XVIIIe siècle. 

Si La Fontaine était un fieffé libertin, Fragonard (1732-1806) en était un autre. Il a illustrés les contes au siècle suivant : 57 merveilleux dessins à la plume rehaussés de lavis, réalisés à partir de 1770.

Des tentatives des publications avorteront, et les contes de La Fontaine illustrés par Fragonard deviendront un ouvrage mythique, que peu de gens auront vu. Après 1934, date d’entrée du manuscrit des contes dans les collections publiques du Petit palais, leur publication est enfin entreprise, mais sera arrêtée par la guerre. De là à parler de manuscrit maudit, il n’y a qu’un pas !

Il faudra attendre 1993 pour que l’ensemble des dessins de Fragonard soit exposée pour la première fois, au Grand Palais, et ce n’est qu’en 2007, avec la belle édition de Diane de Selliers, qu’enfin l’ouvrage – contes et dessins réunis - sera accessible au grand public (on peut le trouver facilement en librairie ou sur les sites marchands pour environ 50 Euros).

 Illustrations :

-       - Dessin de Fragonard pour le conte de Jean de La Fontaine « Comment l’esprit vient aux filles ».

-       - Couverture du livres de Diane de Selliers Éditions.



 

 

 

 

 

 


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