"L’escole des filles, ou la philosophie des dames", écrit en 1665 par un anonyme, passe pour le premier roman érotique de la littérature française. Il s’agit d’une sorte de texte initiatique aux choses de l’amour et du sexe, au travers de deux dialogues entre deux filles, la délurée Susanne et sa cousine Fanchon. Chaque stade est soigneusement numéroté, ce qui permet au lecteur, ou à la lectrice d’aller immédiatement à l’expérience qu’elle souhaite approfondir. Soucieux d’éviter le pire, je me contenterai de rapporter ce que Susanne dit du baiser :
"Voici comment il arrive quelquefois que le garçon et la fille sont seuls dans une chambre ou dans un jardin, il n'importe point où, et s'entretiennent de choses indifférentes, le plus souvent ils ne pensent, point à se faire bien aises ni à se donner du plaisir, à cause de quelque autre souci qu'ils auraient en tête, et le garçon voudrait seulement baiser une fois la fille avant de s'en aller, comme par manière d'acquit. La fille qui est faite à cela, si tôt qu'elle sent la bouche du garçon contre la sienne, vient à pousser petit à petit sa langue en pointe dedans, et la fait frétiller contre ses lèvres, avec un si grand ragoût que cela met en humeur le garçon, qui la prie de recommencer..."
Illustration : Le baiser, par Jean Honore Fragonard (1732-1806). Collection privée.