dimanche 10 novembre 2024

"Avec un si grand ragoût..."

"L’escole des filles, ou la philosophie des dames", écrit en 1665 par un anonyme, passe pour le premier roman érotique de la littérature française. Il s’agit d’une sorte de texte initiatique aux choses de l’amour et du sexe, au travers de deux dialogues entre deux filles, la délurée Susanne et sa cousine Fanchon. Chaque stade est soigneusement numéroté, ce qui permet au lecteur, ou à la lectrice d’aller immédiatement à l’expérience qu’elle souhaite approfondir. Soucieux d’éviter le pire, je me contenterai de rapporter ce que Susanne dit du baiser :

"Voici comment il arrive quelquefois que le garçon et la fille sont seuls dans une chambre ou dans un jardin, il n'importe point où, et s'entretiennent de choses indifférentes, le plus souvent ils ne pensent, point à se faire bien aises ni à se donner du plaisir, à cause de quelque autre souci qu'ils auraient en tête, et le garçon voudrait seulement baiser une fois la fille avant de s'en aller, comme par manière d'acquit. La fille qui est faite à cela, si tôt qu'elle sent la bouche du garçon contre la sienne, vient à pousser petit à petit sa langue en pointe dedans, et la fait frétiller contre ses lèvres, avec un si grand ragoût que cela met en humeur le garçon, qui la prie de recommencer..."

 

 Illustration : Le baiser, par Jean Honore Fragonard (1732-1806). Collection privée.


 

 

mercredi 6 novembre 2024

Trompe l'œil...

Gaspard Gresly est un peintre franc-comtois né à l’Isle-sur-le -Doubs en 1712 et décédé à Besançon en 1756. À côté de scènes de genre, montrant la vie quotidienne, les petits métiers et les marchands, il s’était fait une spécialité : le trompe-l’œil. Proche du comte de Caylus (très célèbre antiquaire et collectionneur de son temps), il reçut de nombreuses commandes d’amateurs d’art parisiens.

Ses trompe-l’œil sont souvent construits de façon identique : des estampes, lettres, etc., collées à la cire rouge sur des planches de sapin. Certaines sont à plusieurs niveaux de lecture, parfois même de véritables rébus…

Trois exemples :

-               Trompe-l’œil avec le portrait du chirurgien Le Cat, (collection particulière, vers 1752), avec le quatrain :

"Tu goutes les douceurs d’une étude féconde

Minerve t’enrichit de ses dons précieux,

Et ta main aux fléaux qui ravagent le monde

Oppose les secours d’un art ingénieux."

-               Trompe-l’œil avec l’Almanach du solitaire pour l’année 1739, une bourse et deux autres gravures.

-               Trompe-l’œil avec une boîte demi-ouverte et le portrait d’une femme écrivant une lettre.

 




 


"Avec un si grand ragoût..."

"L’escole des filles, ou la philosophie des dames ", écrit en 1665 par un anonyme, passe pour le premier roman érotique de la litt...