dimanche 25 février 2024

Relations mère-fils.

Les relations entre Cupidon et sa maman Vénus (le père est le dieu Mars) sont tout sauf apaisées. Par exemple, une célèbre statue antique (Venus Pandemia, 160 apr. J.-C.), montre Vénus tenant dans sa main droite les ailes qu’elle vient d’arracher à Cupidon, afin de l’empêcher de voleter partout en déclenchant les amours des dieux et des mortels. Mais parfois, Cupidon se venge : dans ce magnifique dessin de Charles-Antoine Coypel (vers 1705-1708, National Gallery, Washington), on voit le jeune Cupidon occupé à chiper la couronne de fleurs de sa mère !

Vénus a subi bien des avanies ; par exemple la Vénus de Cnide, sculptée par Praxitèle, que l’on ne connait que par des copies romaines : un soir, un jeune homme se laissa enfermer dans le sanctuaire, désireux de s’unir à la sublime beauté de pierre… Car tous les hommes ne sont pas patients au point de demeurer immobiles en extase devant la merveilleuse déesse ; ainsi Gabriel Sénac de Meihlan (extrait d’un de ses petits poèmes érotiques publiés en 1775) :

"Pour Vénus elle-même,

 Pour la beauté ceinte du diadème,

Point ne voudrais du rôle d’attentif,

De soupirant, d’amant contemplatif.

Il m’en souvient, pendant toute une année,

D’avoir langui pour un tendron charmant,

Qui, sans pitié pour mon cruel tourment,

En fier vainqueur, me tint haut la dragée.

Jouer de l’œil, écrire des billets,

Faire l’aveu d’une ardeur réciproque,

Me paraissait un destin équivoque."

 



dimanche 18 février 2024

Mlle de Beauvoisin, suite et fin...

Les Mémoires secrets des inspecteurs de M. de Sartines indiquent à la date du 22 novembre 1784 :

"Il est mort il y a peu de temps, une courtisane du vieux sérail, nommée Mlle de Beauvoisin. Obligée de donner à jouer pour se tirer d’affaire, elle avait par ses charmes usés, eu l’art de captiver en dernier lieu M. Baudard de Saint-James, trésorier des dépenses du département de la marine. Ce magnifique seigneur, ayant plus d’argent que de goût, avait fait des dépenses énormes pour elle. On estime qu’il faut qu’il lui ait donné, en bijoux seuls et autres effets, environ quinze à dix-huit cent mille francs, outre vingt mille écus de fixe par an. Sa vente est aujourd’hui l’objet de la curiosité, non – seulement des filles élégantes, mais encore des femmes de qualité. On y compte deux cents bagues plus superbes l’une que l’autre ; on y voit des diamants sur papier, comme chez les lapidaires, c’est à dire non montés ; ses belles robes montent à quatre-vingts ; on parle de draps de trente-deux aunes, tels que la Reine n’en a point. Enfin, depuis la vente de la fameuse Deschamps, on n’en connaît point en ce genre qui ait fait autant de bruit."

Cinq années auparavant, une feuille d’annonces satiriques s’exprimait ainsi sur le compte de la même personne :

"Vente de tableaux, etc. - Modèle d’antique d’après Mlle Beauvoisin. Cette figure a pu représenter autrefois une assez jolie nymphe ; mais les outrages du temps et des plâtres l’ont presque entièrement défigurée..."

 

Illustration : Portrait de Claude Baudard de Saint-James. Je n’ai malheureusement pas trouvé de portrait de Mlle de Beauvoisin. Son richissime amant, le fermier général Claude Baudard de Saint-James, est bien connu. Sa famille a même laissé son nom à une marque de rhum. Notons malgré tout qu’il finit par faire faillite et passa quelque temps à la Bastille !

 


 


vendredi 16 février 2024

Assis sous la treille...

"Assis sous sa treille, une coupe d’un vin parfaitement aromatisé et étendu d’eau fraîche à portée de main, Silvanus contemple le paysage alors que la nuit tombe…"

Extrait de "Alauda, l’alouette qui faisait danser les ours" de Bernard Grandjean, aux éditions du 38.

 

 https://www.editionsdu38.com/historique/503-alauda-l-alouette-qui-faisait-danser-les-ours.html

 

Illustration: Sous la trielle (jardin baroque de Gross Sedlitz, photo de l'auteur). 

 


 

mercredi 14 février 2024

Une beauté fort répandue et très onéreuse...

Mlle de Beauvoisin, "beauté fort répandue et très onéreuse", fut l’un de ces personnages sulfureux que le XVIIIe siècle produisit en grand nombre, et qui firent les délices de ses contemporains.
Courtisane "d’une jolie figure, mais sans taille et sans grâces", elle avait été obligée, pour cette raison, de quitter l’Opéra dont elle avait été danseuse. Elle s’avisa détenir une maison de jeu, et ses charmes, son luxe et l’affluence des joueurs opulents rendirent sa maison célèbre. Cette belle, si accommodante dans le tête-à-tête, faisait la prude dans la société. Un jour elle dit à Mlle Sophie Arnould – j’ai déjà plusieurs fois évoqué cette comédienne redoutée pour ses bons mots - à propos de quelques plaisanteries un peu libres :
Je ne puis souffrir les équivoques.
Mademoiselle est sans doute, répartit Sophie, comme ces personnes qui, blasées sur le vin, en sont à l’eau-de-vie.
 
Illustration : La courtisane amoureuse, école de Pierre Soubleyras, vers 1735 - Musée du Louvre.
 

 

 

vendredi 9 février 2024

Dans la série des bons mots célèbres de Sophie Arnould...

Dans la série des bons mots célèbres de Sophie Arnould :

Un censeur atrabilaire étant au foyer de l'Opéra, blâmait l'inconduite de certaines femmes galantes qui semblent braver toutes les lois de la bienséance ; il critiquait surtout le luxe scandaleux des courtisanes et des actrices. Sophie Arnould, ennuyée de cette diatribe, lui dit sèchement : « Eh ! monsieur, laissez-les jouir de la perte de leur réputation ! »

Extrait de Arnoldiana ou Sophie Arnould et ses Contemporaines, Recueil choisi d'Anecdotes piquantes, de Réparties et de bons Mots de Mlle Arnould, Paris, 1813.

  

Autre extrait du même ouvrage :

 

« On attendait à Paris en 1786 un prince indien qui voyageait, disait-on, avec un quarteron de femmes. — Que dira M. l’archevêque, observa quelqu'un ? souffrira-t-il un tel scandale ? Les mœurs seront blessées si l'on permet que cet étranger conserve son sérail ; et puis, il faut qu'il se fasse chrétien. — Oh mon Dieu ! dit Mlle Arnould, il n'a qu’à embrasser notre religion, on lui passera toutes les filles de l'Opéra. »

 

Illustration : Jean-François Schall, danseuse avec guirlande.

 

 


 

dimanche 4 février 2024

Bientôt Mardi Gras !

Mardi Gras approche à grands pas, il est temps des songer à préparer nos masques !

Au XVIIIe siècle, on appelait masques, outre l’objet lui-même, une troupe de gens déguisés et masqués : "Les masques ont toutes libertés, cette année !"

Un bal masqué était une mascarade, tout comme une danse exécutée par des gens masqués : "Ce n'est pas un ballet, c'est seulement une petite mascarade".

On ne portait pas seulement des masque pour le carnaval : les dames en portaient parfois aussi pour préserver la blancheur de leur teint. Le mot pouvait aussi une injure adressée à une femme : "Oh, le vilain masque !". On l’employait aussi bien sûr au figuré : "Masques, je vous connais, dit quelqu'un, en voyant resservir des plats auxquels on n'avait pas touché la veille".

 

Illustrations : Allégories de la comédie, par Louis Dorigny (1654--1742), peintre et graveur français. Dorigny, petit-fils de Simon Vouet, est connu pour avoir peint à fresque la coupole de la cathédrale de Trente et avoir gravé la Descente des Sarrasins à Ostie, d'après Raphaël.

 

 

 



 

 


jeudi 1 février 2024

Promotions !

Chers lecteurs,
Je vous signale que la version numérique (à lire sur tablette ou ordinateur) de mes deux romans de la mini-série "Incursions temporelles" aux Éditions du 38, "La demoiselle de Rosling" et "Le voyage de Ziska", seront en promotion durant tout le mois de février au prix unitaire de 2,99 Euros. Bonne lecture !

https://www.editionsdu38.com/fr/nos-auteurs/10/bernard-grandjean





La rêveuse.

"M. de *** sentit une joie extrême en me voyant. Il me prit gaiement dans ses bras, m'appuyant un gros baiser, badina un peu lourde...