On doit à Jeanne-Marie
Leprince (1711-1780), demi-sœur du peintre et graveur Jean-Baptiste Le Prince,
d’avoir rendu populaire en France la Belle et la Bête, un conte que l’on trouve
déjà dans les Métamorphoses d’Apulée, mais aussi plus près de nous en Italie,
en Espagne…
Ce conte
était d’abord apparu en France en 1740 sous la plume de Gabrielle-Suzanne de
Villeneuve. Jeanne-Marie Leprince le reprit dans son manuel d’éducation des
enfants en 1756. C’est sur sa version que sont basées les adaptations
ultérieures, dont le célèbre film de Cocteau de 1946.
Jeanne-Marie
Leprince entre au couvent à 14 ans, dont elle sortira enseignante.
D’abord préceptrice à la cour du duc de Lorraine, puis, à partir de 1737, pour
les jeunes filles de la Congrégation Notre-Dame, elle reprend cette tâche
d’abord, en 1744, pour diriger une école de filles à Reims. De 1748 à 1763,
elle devient à Londres gouvernante de jeunes
filles de la haute société. Elle regagna ensuite la France.
Sa vie privée est assez éloignée
des conventions qu’elle enseigne : elle épouse en 1737 un maître à danser,
Claude-Antoine Malter, joueur et infidèle. Elle le quitte, et prend pour amant,
à Londres, le marquis de Beaumont, un contrebandier notoire qu’elle fait passer
pour son époux et dont elle prend le nom ! En 1762, toujours à Londres, elle
prend un nouvel amant, un certain Thomas Pichon (1700-1781), écrivain, mais
surtout célèbre espion exilé et traitre à la France, connu sous son surnom de Thomas Tyrrell, qui se fait
passer pour son époux… On conviendra que cette vie tumultueuse contraste de
façon comique avec la rigueur morale et de la grande religiosité qui baignent les
écrits de Jeanne-Marie !
Illustrations :
- Portrait de Jeanne-Marie Leprince de Beaumont, XVIIIème
s. Miniature anonyme sur ivoire. BnF
- La Belle,
voulez-vous être ma femme ?
Gravure de Teixier qui
introduit Le Magasin des enfans,Tome I, publié à Paris, chez Gérard en 1803.
- Portrait de Thomas Pichon dit Tyrell (source : Archives et Bibliothèque du Canada).