mercredi 31 juillet 2024

Jeux d'été !

L’été est là, la saison où on peut enfin profiter des parcs et des plages pour s’adonner à des activités passionnantes pour petits et grands… Mais qui connaît encore ces jeux innocents de jadis ?

Les fêtes champêtres, ou fêtes galantes, étaient très à la mode au XVIIIe siècle ; elles ont inspiré de nombreux peintres, tels Watteau, Pesne, Caresme ou Fragonard. Le repas de chasse était aussi un divertissement prisé, et les repas champêtres étaient l’occasion de divertissements et de jeux, tels Colin-Maillard ou la main chaude.

On se souvient encore de certains de ces jeux, mais pas de tous. Qui connait le jeu de la palette ? Il consiste en ce qu’un jeune homme frappe, avec une sorte de cuillère en bois prévue à cet effet, la main de la personne désirée. On imagine d’ici les courses poursuites dans les parcs…

Le jeu du Cheval Fondu oppose quant à lui deux équipes de quatre à cinq garçons : les uns, en s’agrippant les uns derrière les autres, forment une sorte de cheval qui prend appui au-devant sur un arbre ; les autres sautent dessus à califourchon, l’un après l’autre, dans le but de faire s’effondrer le cheval : jeu de force pour les chevaux, jeu d’agilité pour les cavaliers qui doivent sauter assez loin pour trouver tous place sur le dos du cheval. Si le cheval tient, on échange les rôles.

Le jeu de la Main Chaude est mixte : un joueur tiré au sort, le pénitent, se cache la tête dans les genoux du confesseur, en présentant sur son dos sa main ouverte. Les autres tapent sur cette main et il doit deviner qui. Le joueur démasqué devient à son tour pénitent.

Illustrations :

 - - Fragonard, le Jeu de la main chaude, Washington, vers 1775-80, National Gallery of art, Washington – Le jeu de la palette (vers 1761), Musée Fabre, Montpellier. Notons que cette toile de jeunesse fut redécouverte en 2016 en compagnie de son pendant (le jeu de la bascule), lors d’un inventaire dans un château de Normandie ; la famille en ignorait la valeur ! Elles ont été acquises par l’État pour être exposées à Montpellier.

-    - Antoine Pesne, Collin-Mayard.

 




jeudi 25 juillet 2024

Voici l'été...

Voici l’été, les fortes chaleur, et heureusement la fraicheur de l’eau des ruisseaux…

 

"La baigneuse

 

Au bord d’une onde transparente

Lise était avec ses moutons.

Loin des loups et loin des garçons,

Disait la bergère innocente,

On dort sans peur sur ces gazons.

 

Fillettes, folettes,

Craignez les amants rusés ;

Craignez les loups déguisés.

 

Je puis, dis Lise, étant seulette,

Me baigner dans ce clair ruisseau.

Lise quitte au pied d’un ormeau

Son court jupon, sa collerette :

Puis la belle se met dans l’eau.

 

Colin regardait la bergère

Par les jours d’un léger buisson.

Avec adresse le fripon

Se glisse à travers la fougère,

Vient à l’ormeau, prend le jupon.

 

Lise sans jupon au village

Ne pouvait pas s’en retourner.

Colin dit que pour un baiser

Il cessera le badinage :

Lise promet de le donner.

 

Enfin sur l’émail de la rive,

Se termine le marcher fait.

Lise comptait sur le secret,

Comme aux filles il arrive.

L’heureux Colin fut indiscret."

 

Extrait de "Le fond du sac", recueil de contes galants en vers des XVIIe et XVIIIe siècle.

 

Illustration : La baigneuse surprise, François Boucher, 1742, Dijon, musée des beaux-arts.

 


 

 

dimanche 21 juillet 2024

L'été.

Qui n'a pas vu dans un bocage

Le frémissement du feuillage,

Qu'un doux zéphyr veut caresser ?

Il vient son aile va glisser,

 

Guettez l'instant de son passage.

 

La feuille qui se sent presser,

 

Se courbe et reçoit son hommage.

 

Un mouvement prompt et léger

 

Fait un temps vaciller l'ombrage.

 

L'instant d'après ce badinage

 

La feuille va se redresser ...

 

L'œil du plaisir aime à fixer

 

Ces éclairs de libertinage.

 

(Extrait de Le fond du sac, recueil de contes en vers , Épilogue, François-Félix Nogaret, 1780.

 

Illustration : L’été – école de Nicolas Lancret vers 1738, Musée du Louvre.

 


 

mercredi 17 juillet 2024

Conduite au marché d'esclaves...

"Sans le courage de Demetrius, elle aurait été arrêtée, emprisonnée, violée. Brisée et hagarde, elle aurait ensuite été conduite à un marché d’esclaves pour être vendue aux enchères. Des quolibets sur sa rousseur auraient fusé ; on aurait examiné ses dents comme celles d’une jument ; on l’aurait fait marcher de long en large pour montrer qu’elle ne boitait pas. On l’aurait mise nue, et les acheteurs auraient fait des commentaires sur ses hanches et ses seins..."

Extrait de Alauda, l’alouette qui faisait danser les ours, de Bernard Grandjean, Éditions du 38.

 

https://www.editionsdu38.com/historique/503-alauda-l-alouette-qui-faisait-danser-les-ours.html 

 

Illustration : Jean-Léon Gérôme, Vente d’esclaves à Rome, vers 1884. Musée de l’Ermitage, Saint-Pétersbourg (Russie). Bonne image des fantasmes du XIXe siècle…

 

 


 

lundi 15 juillet 2024

Jeunes filles, n'allez point au Bois de Boulogne !

Encore une mise en garde ! (Extrait du « Petit Rien », Almanach chantant ou Recueil de chansons nouvelles sur des airs connus pour l’année 1773 et les suivantes.) :

"Couplets à rire destinés à égayer les convives, mais s’ouvrant par une pièce sur le mariage de M. le Dauphin. Ce recueil de chansons grivoises est précieux par le choix des morceaux dont plusieurs visent les choses du jour ou les habitudes parisiennes : notamment la foire des boulevards, le bœuf gras du carnaval, le Bois de Boulogne où préside Cupidon, où deux font trois" :

Et fille à la passade

D’amour y prend leçon.

Sur ce bois, la maman

Sermone en vain sa fille ;

N’y va pas, mon enfant,

De serpents il fourmille.

Craignant peu la piqûre,

Rosette ne la crut,

Et par neuf mois d’enflure

Paye bien son début. 

Illustration : Pierre-Paul Prud´hon – L’Amour séduit l´innocence, le plaisir l’entraine, le repentir suit (1809). Musée des Beaux-arts du Canada.

 


 

samedi 13 juillet 2024

Banquet !

"Nous serons quinze, déclare Nertomarus à Silvanus. Au départ, nous n’étions que quatorze, mais Procula m’a fait observer qu’un banquet devait se tenir avec un nombre impair de convives sous peine de voir le mauvais œil s’abattre sur nous !"

Extrait de Alauda, l’alouette qui faisait danser les ours, de Bernard Grandjean, aux éditions du 38.

 https://www.editionsdu38.com/historique/503-alauda-l-alouette-qui-faisait-danser-les-ours.html

 

Un banquet, fresque de Pompéi.

mercredi 10 juillet 2024

Mères, soyez vigilantes !

Voici venir les vacances d'été, sources de tous les dangers. Mères, soyez vigilantes !
 
"Qu’aisément l’amoureux poison
S’introduit dans le cœur d’une jeune pucelle.
Et qu’une mère avec raison
Fait, pour l’en garantir, une garde fidèle.
D’un ennemi qui plait d’abord est dangereux.
Un sage surveillant a peu de deux bons yeux
Pour être toujours en défense :
Argus en avoit cent, dont il découvroit tout ;
Cependant, de sa vigilance
Cupidon sut venir à bout."
 
Extrait de Tableau de l'amour conjugal, de Nicolas Venette, 1686.
Illustration : Hyacinthe Rigaud (1659-1743), "La menasseuse", 1709, collection particulière.
 

 

 

dimanche 7 juillet 2024

Une expérience exceptionnelle !

 Pour vos vacances, vivez une expérience exceptionnelle :

- Voyagez en Gaule au temps de l’Empereur Vespasien !

- Traversez le lac de Constance en bateau à voile !

- Visitez des lieux disparus !

- Participez à un banquet romain garanti d'époque !

Lisez « Alauda, l’alouette qui faisait danser les ours » !

 

https://www.editionsdu38.com/fr/historique/503-alauda-l-alouette-qui-faisait-danser-les-ours.html

 

https://www.amazon.fr/Alauda-Lalouette-faisait-danser-ours-ebook/dp/B0C7L9H6QN

 


Dessin de Enrico Marini (Les Aigles de Rome III)

 

mercredi 3 juillet 2024

Rêverie...

La toilette est un thème cher aux peintres du XVIIIe siècle, car il est prétexte à toutes les audaces. La toile ci-dessous, peinte en 1785 par Boilly (1761-1845), montre une jeune femme en déshabillé de soie, occupée à sa toilette matinale. Un luxueux lit à baldaquin se devine derrière elle. À ses pieds, on distingue un coffret sur lequel elle a abandonné un livre. Sur une commode, une sculpture en laquelle les spécialistes ont reconnu une copie d’un biscuit de la manufacture de Sèvre produit en 1769, reproduction d’un marbre romain antique, Cupidon et Psyché (Musées du Capitole).

La jeune femme semble fort émue et se laisse aller à rêver. Son regard s’élève, et sans s’arrêter au couple dénudé qui s’embrasse (foin des préliminaires !), il monte vers les deux oiseaux dans leur cage, tout occupés à leur petite affaire.

À quoi rêve-t-elle ? Au souvenir de plaisirs amoureux dont elle serait privée ? De nombreux indices sont là pour expliciter, s’il en était besoin, les idées qui la hantent : la guitare, symbole féminin, voisine avec les goulots phalliques de deux bouteilles, et la boîte entrouverte incite à toutes les suppositions.

Or, en m’intéressant à cette toile, je suis tombé par hasard sur une autre toile de Boilly, en fait identique à un détail près : à la place de la cage des oiseaux polissons est suspendu le portrait d’un jeune homme. Cette seconde toile, passée en vente chez Christie’s, daterait des années de la Révolution.

En 1794, Boilly a été porté sur la liste noire, présentée au Comité de Salut Publique de Robespierre, des artistes produisant des œuvres d’une obscénité révoltante pour la morale républicaine. Boilly, qui a dû sentir le froid de l’acier sur sa nuque, se serait défendu en peignant en vitesse le triomphe de Marat (Musée des Beaux-Arts de Lille).

Voir cette fille contempler le portait de l’être aimé est un peu moins choquant que de la voir se pâmer devant un couple d’oiseaux en train de copuler : Boilly aurait-il voulu, par là aussi, se rattraper, en se conformant à la morale républicaine ?

 



 

Les belles Italiennes !

Nostalgie des retours de vacances (pour certains)... « Une femme jeune, belle et bien faite, qui se nommait la signora ...