dimanche 16 avril 2023

Érigone et son petit chien.

Les mythes antiques étaient une source majeure d’inspiration pour les peintres du XVIIIe siècle. Ils présentaient l’avantage de réunir tous les ingrédients d’une toile séduisante pour leurs contemporains : citations de la culture classique, décors bucoliques, étoffes belles comme des ciels, corps de femmes superbes… L’histoire d’Érigone était un de ces mythes alors à la mode et parfaitement oubliés aujourd’hui.

Érigone était la fille de l'Athénien Icarios, auquel Dionysos (Bacchus) avait enseigné l'art de la culture de la vigne. En remerciement, Icarios avait introduit son culte dans la région. Pour séduire la belle Érigone, insensible à son amour, Dionysos se transforma… en une grappe de raisin. Et la ruse fonctionna ! Hélas, l’histoire se termine mal. Icarios fut assassiné par des bergers ivres, et la malheureuse Érigone se pendit au-dessus de la tombe de son père (tandis que même sa fidèle chienne Maéra, désespérée, sautait du haut d’une falaise). Dionysos, furieux, se vengea cruellement d’Athènes, et sa colère ne se calma que lorsqu’un culte à Érigone et Icarios y fut instauré.

Plusieurs peintres, dont François Boucher en 1745 (ci-dessous "Bacchus et Érigone", Londres, Wallace Collection), ont représenté la belle Érigone pressant dans sa main la superbe grappe de raison où se cachait le rusé Dionysos. Au contact du dieu, elle se pâme et tombe dans les bras de son amie (que Boucher ne semble avoir représentée là que pour équilibrer la composition). La gravure que Claude Augustin Duflos (1700-1786) fit de cette toile porte en pied la conclusion cynique qu’au XVIIIe siècle on tira de l’histoire :

"À Bacchus comme amant Érigone inflexible,

Ne répond que par des mépris.

Mais en se transformant ce Dieu la rend sensible,

Et de ses soins reçoit le prix.

En amour comme en guerre il faut de l'artifice.

De l'objet de ses feux qui veut être vainqueur,

Doit épouser ses gouts et flatter son caprice,

C'est là le vrai chemin du cœur"

Notons que l’on peut toujours contempler la belle Érigone en levant les yeux vers le ciel nocturne : Jupiter l’a transformée en une étoile de la constellation de la Vierge ; la fidèle Maéra fut quant à elle transformée en l'étoile de Procyon, la plus brillante de la constellation du Petit Chien.

 



 


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