jeudi 20 avril 2023

Infidélité...

Parmi les femmes de lettres du XVIIIe siècle bien oubliées, je retiens Madame de Plat-Buisson, ne serait-ce qu’à cause de son nom amusant. Nous ne savons pas grand-chose d’elle, sinon qu’elle est morte âgée au tout début du XVIIIe siècle. Elle faisait d’assez jolis vers ; par exemple, ce "Quatrain Épigrammatique" :
 
"Où peut-on trouver des amans
Qui nous soient à jamais fidèles ?
Je n'en sais que dans les romans,
Ou dans les nids des tourterelles…"
 
Il est vrai que la fidélité en amour n’était pas une vertu majeure du XVIIIe siècle. Voici, par exemple, comment Jean-Baptiste de Boyer d’Argens traite la question de l’infidélité dans son célèbre roman libertin de 1748, Thérèse philosophe :
"(…) Il est donc évident que la jalousie n’est pas une passion que nous tenions de la nature : c’est l’éducation, c’est le préjugé du pays qui nous la fait naître. (…) Mais une infidélité passagère, qui n’est que l’ouvrage du plaisir, du tempérament, quelques fois celui de la reconnaissance, ou d’un cœur tendre et sensible à la peine ou au plaisir d’autrui, quel inconvénient en résulterait-il ? En vérité, quoi qu’on dise, il faut être peu sensé pour s’inquiéter de ce qu’on nomme à juste titre un coup d’épée dans l’eau, d’une chose qui ne nous fait ni bien ni mal…"
En effet, comment condamner quelqu’un qui serait infidèle par reconnaissance, ou parce que trop sensible au plaisir d’autrui ? Admettez, chère Madame de Plat-Buisson, qu’il faudrait avoir un cœur de pierre !
Illustration : La petite jardinière. François Boucher, 1767- Rome, Galleria Nazionale, Palazzo Barberini. On sent de l’inquiétude sur le visage de la jeune fille au panier débordant de fleurs. Il devrait être là ! Viendra-t-il ? Il avait pourtant promis… Son amoureux serait-il infidèle ?
 

 

 

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