Certains historiens d’art affirment, non sans raison, que le
XVIIIe siècle fut obnubilé par… les fesses ! Il est vrai que les peintres
nous en montrent beaucoup, les plus célèbres étant certainement celles de la
jeune Marie-Louise O'Murphy, délicates fraises à la crème rehaussées d’une
pointe de vanille, peintes par François Boucher en 1752.
Disons-le tout net, la fesse rococo est appétissante, rose
et voluptueuse ; elle n’a rien de commun avec la fesse néo-classique,
ferme et tout en muscle.
On rapporte que Fragonard avait
eu cette exclamation : « Je peindrai avec mon cul » ! Qu’on
ne s’y trompe pas, cette déclaration apparemment choquante est d’abord une
affirmation artistique. Fragonard faisait savoir par là qu’il souhaitait
réaliser une peinture sensorielle et corporelle plutôt qu’une peinture
intellectuelle, cérébrale. Peut-être avait-il conscience d’être le dernier d'un
temps sur le déclin ? Le néo-classicisme à la Jacques-Louis
David, la Révolution et l’Empire vont le renvoyer, avec Boucher et tant
d’autres, au rayon des souvenirs d’une autre époque…
Illustrations :
- Jean
Frédéric Schall : La
Comparaison, huile sur toile,1789, 40 x 32 cm, Musée du Louvre,
Paris. Certes, on peut hausser le niveau, et voir dans cette toile une
confrontation entre beauté humaine et beauté divine (la statue centrale est la
Vénus Farnese). Même si Schall ne suscite pas toujours des pensées aussi
élevées…
- La
Vénus Farnèse ; Museo Archeologico
Nazionale, Naples. « La Vénus Callipyge hellénistique (…) au
déhanchement séducteur, relevant sa draperie sur deux hémisphères parfaits à la
blancheur attirante et (mais la tête est un ajout du XVIe) coulant un regard
narcissique et aguichant vers ses attraits postérieurs » (Extrait du Blog
du Monde « Amateur d’Art, par Lunettes Rouges », 14 janvier 2011).
- …Et
bien sûr, juste pour le plaisir, l’immortelle petite Marie-Louise O’Murhy…
(François Boucher, l’odalisque blonde, 1752, Alte Pinakothek, Munich).