dimanche 6 avril 2025

La secte des Anandrynes...

Marie-Antoinette-Joseph Saucerotte, dite Françoise Raucourt (admirez l’astuce), fille née en 1756 d’un piètre acteur de province, laissa tôt apparaître un talent théâtral tenant du génie. À seize ans, elle débuta à la Comédie Française dans le rôle de Didon, et sa présence sur scène faisait bondir le prix des billets au marché noir, provocant de quasi-émeutes. Même Louis XV se déplaça au théâtre pour la voir (en 1773).

Malgré la longue liste de ses amants, il apparut que les préférences de ce petit génie des planches allaient aux dames. Souvent habillée en homme, elle organisait chez elle des soirées dont je ne vous dis que ça, avec de nombreuses célébrités, dont l’incontournable Sophie Arnoult. On la soupçonna même d’avoir créé une sorte de société secrète vouée au culte de Sapho, la secte des Anandrynes. C’est du moins ce que raconta l’auteur libertin Pidansat de Mairobert dans « L’espion anglais » ; une fable montée de toutes pièces…

La littérature libertine du XVIII siècle évoque souvent la figure de la tribade, comme on disait à l’époque (du latin tribas, lui-même tiré du grec tribein qui signifie « frotter »). Mais pour la plupart des auteurs, soit ces amours conduisent à la folie, soit elles ne sont qu’un stade d’initiation au plaisir sexuel qui plus tard s’épanouira avec un homme. Elles ne sont en fait décrites que pour nourrir les fantasmes masculins. Moderne, le XVIIIe siècle, mais avec quelques limites !

Napoléon attribua une pension à Françoise Raucourt et lui confia un théâtre en Italie. Les scandales créés par Mlle Raucourt ne cessèrent pas avec sa mort, en 1815 : comme le curé refusait l’entrée de sa dépouille dans l’église Saint-Roch, une manifestation réunissant 5 ou 6000 personnes l’y contraignit. Elle eut donc droit à une célébration… À noter que son buste en marbre, signé du grand sculpteur néo-classique Jean-Jacques Flatters, qui surmontait sa tombe au Père-Lachaise, fut volé en 2005. Serait-ce là le dernier scandale la concernant ? Espérons que non !

Illustrations : -

-       Portrait de Françoise de Raucourt par Sigmund Freudenberger (artiste suisse, 1745-1801).

-       Gravure « fantasmagorique » montrant l’examen d’une postulante à l’entrée de la secte des Anandrynes. La jeune nymphe est soumise à l’examen de Mlle Raucourt…




mercredi 2 avril 2025

Pain et pâté...

"Notre journée se termina par aller coucher à Fondi, méchant bourg enfoncé dans la gorge des montagnes, où l'on ne trouve ni pain ni pâté, accident auquel on est cruellement sujet le long de cette route."

(Extrait des "Lettres familières écrites d'Italie à quelques amis, en1739 et 1740", par Charles de la Brosse.)

 

Illustration : Pâté de viande, par Pierre Antoine Fraichot, né à Besançon en 1690 et décédé dans cette même ville en 1763. Collection privée.

 


 


vendredi 28 mars 2025

La Dakini...

"Quand Rayon-Noir a terminé son bol, Dawa le lui prend des mains et approche sa bouche de la sienne pour un long baiser. Puis elle se lève et va tirer le verrou, sous le regard étonné de son époux :

- Je ne tiens pas à ce qu’on nous dérange au meilleur moment ! explique-t-elle avant de revenir se serrer contre lui, animée d’intentions claires.

- Ma belle dakini, louve insatiable ! "

 

Extrait de Le yak aux cornes d’or, publication KDP.

Prix 3,5 Euros en édition numérique, et 12,66 Euros broché. À retrouver ici :

 https://www.amazon.fr/dp/B0BV2F4B2F

Illustration : Une Dakini (fresque de Lamayuru Gompa, 1977, photo de l’auteur).

 


 


dimanche 23 mars 2025

Lumière de la lumière...

Ce trompe-l’œil de Gaspard Gesly (peintre de Franche-Comté, 1712-1756) montre la gravure d’une célèbre toile de Pierre-Paul Rubens, « Portrait d’une vieille avec un garçon de nuit ».  En dessous apparait l’inscription latine suivante :

Quis velet apposito, lumen de lumine tolli. Mille licet capiant, deperit inde nihil. 

Cette citation, tirée de l’art d’aimer d’Ovide, signifie que l’on peut emprunter la lumière à la lumière sans faire diminuer celle-ci. Métaphore du don sans déperdition, le motif du lumen de lumine, lumière de la lumière, de prime abord exclusivement théologique, connaît également sa version profane, et même libertine ! C’est sur la base de ce principe qu’Ovide invite les jeunes femmes à aimer :

Appauvrit-on la flamme où s'allume un flambeau ?

La mer au sein immense où l'on va puiser l'eau ?

Tu veux que de son bien la beauté soit avare… 

En ce sens, reconnaissons qu’Ovide est un auteur très XVIIIe siècle, et il n’est guère étonnant que Gresly ait retenu ce thème… À noter que Rubens avait peint ce panneau dans le style du Caravage, dont il avait vu les œuvres en Italie, caractérisé par un usage spectaculaire de la lumière et son naturalisme. Il n’avait pas peint ce sujet dans l’intention de le vendre, mais l’avait conservé, sans doute, pense-t-on, pour l’instruction de ses élèves.

Illustrations : le trompe-l’œil de Gresly et l’œuvre de Rubens.

 





 


jeudi 20 mars 2025

Aux premiers jours du printemps...

"On n’est qu’aux premiers jours du printemps, et un vent glacial dévale des montagnes encore enneigées du pays des Helvètes. Demetrius et Alauda observent la progression du bateau, qui ne se distingue qu’à peine dans la faible clarté de l’aube."

Extrait de Alauda, l’alouette qui faisait danser les ours , Éditions du 38.

https://www.editionsdu38.com/fr/historique/503-alauda-l-alouette-qui-faisait-danser-les-ours.html

 Illustration : Fresque romaine, Musée archéologique de Naples.

 

 



dimanche 16 mars 2025

Beauté féminine...

La beauté féminine en 1655, telle que décrite dans « L'escole des filles ou la philosophie des dames » (en orthographe moderne) :

 "Je demande une fille à l'âge de dix et huit ans, médiocrement grasse, et qui ait la taille droite et haute, non pas trop, l'air du visage noble et majestueux ; qu'elle ait la tête bien plantée, les yeux doux et riants, de couleur noire, la bouche médiocrement grande, les dents blanches et bien rangées ; le front plus petit que grand, mais doucement courbé dans ce qu'il montre, les joues pleines, les cheveux noirs ; le tour du visage rond. Je veux à cette heure qu'elle ait le tour des épaules un peu large et fourni, la gorge pleine et unie, les tétons durs et séparés, qui se soutiennent d'eux-mêmes, les bras gros et potelés, la peau non pas trop blanche ni trop brune, mais d'une teinture égale entre les deux et qui avec l'embonpoint de la chair qui-la fait pousser ne laisse paraître aucune rudesse ni tacheture dessus, et je veux qu'à son bras soit jointe une main d'ivoire, qui étant fournie avec proportion à l'endroit du poignet, vienne en diminuant insensiblement jusqu'à l'extrémité des doigts…"

Illustration : Charles-André van Loo (1705-1765). Naïade, Nationalmuseum Sweden. La toile est datée d’entre 1748 et 1752, mais les canons de la beauté ne paraissent guère différents....


 


mercredi 12 mars 2025

Promenade romantique...

 Promenade romantique dans les rues de Baden-Baden, bordées de villas du XIXe siècle...








 

 

 

La secte des Anandrynes...

Marie-Antoinette-Joseph Saucerotte, dite Françoise Raucourt (admirez l’astuce), fille née en 1756 d’un piètre acteur de p...