"Le commencement de ma vie a été un tissu d’horreurs ; mais quoi qu’il en coute à mon amour propre, je te dois confidence pour confidence, leçon pour leçon. Écoute donc, ma chère Thérèse, le récit de mes aventures, en t’instruisant des caprices des hommes qu’il est bon que tu connaisses, pour continuer aussi à te confirmer qu’en effet le vice et la vertu dépendent du tempérament et de l’éducation…"
(Boyer d’Argens, Thérèse Philosophe, 1748.)
"…Mais conviens aussi que la bonne femme était peu prudente avec nous ; qu'elle nous faisait sans nécessité les confidences les plus indiscrètes ; qu'elle nous entretenait sans cesse des maximes de la galanterie, des aventures de sa jeunesse, du manège des amants ; et que, pour nous garantir des pièges des hommes, si elle ne nous apprenait pas à leur en tendre, elle nous instruisait au moins de mille choses que des jeunes filles se passeraient bien de savoir."
(J-J. Rousseau, La Nouvelle Héloïse, 1761).
"Il fut un temps, sous Louis XV, où les espions étaient si multipliés, qu'il était défendu à des amis qui se réunissaient ensemble, d'épancher mutuellement leurs cœurs sur des intérêts qui les affectaient vivement. L'inquisition ministérielle avait mis ses sentinelles à la porte de toutes les salles, & des écouteurs dans tous les cabinets ; on punissait, comme des complots dangereux, des confidences naïves, faites par des amis à des amis, & destinées à mourir dans le lieu même qui les avait reçues."
(Louis Sébastien Mercier, Tableau de Paris, 1782.)
Illustration : François Boucher, Les deux Confidentes (détail) 1750, National Gallery Washington.