lundi 8 mai 2023

Fêtes vénitiennes

Les Fêtes vénitiennes est une l’huile sur toile d’Antoine Watteau de 1719. L’œuvre est conservée à la National Gallery d’Édimbourg.

Pour que la fête soit complète, Watteau a peuplé le tableau de ses amis :

Au premier plan, un couple face à face danse le menuet. L’homme au chapeau noir à gauche, en habit de comédien italien, est Nicolas Vleughels (1668-1737), ami proche de Watteau, un peintre célèbre qui passa une bonne partie de sa vie en Italie (Rome, Venise, Modène...).

La danseuse au centre, en belle robe nacrée, est l'actrice Christine Charlotte Desmares, maîtresse du duc Philippe d’Orleans ; ils eurent ensemble une fille, Angélique de Froissy (1700-1785), légitimée en 1722 par le duc devenu Régent (il mourra l’année suivante). Angélique épousa un comte de Ségur ; elle est l’arrière-arrière-grand-mère de la comtesse de Ségur (1799-1874).

Parmi les personnages derrière le couple, dont beaucoup sont occupés à flirter, Watteau s’est représenté lui-même, à droite en habit bleu clair, assis et jouant de la cornemuse (ou musette), à l’époque un instrument à forte connotation sexuelle. Une statue au déhanchement suggestif domine la fontaine en fond. Les rehauts clairs de son corps renvoient à la robe de Christine Charlotte Desmares et à d’autres personnages, dans un subtil travail de lumières, de matières et de couleurs. Pour une belle fête, c’était une belle fête…

Attardons-nous un instant sur Christine Charlotte Desmares, dite la Desmares. Née à Copenhague en 1682, elle mourut en 1753. Cette comédienne, que l’on surnommait affectueusement Lolotte, était la nièce et l’élève de la Champmeslé, célèbre tragédienne du XVIIe siècle, amante de Racine et merveilleuse interprète de ses tragédies. Lolotte avait donc de qui tenir ! Elle finira sa vie en compagnie d’un banquier suisse. La "Folie Desmares", petit château de Châtillon que lui offrit le banquier et où elle habita, existe toujours. Je joins son portrait, dans une belle robe de théâtre, par Jean-Baptiste Santerre (1651-1717). L’œuvre (collection privée) est intitulée "la jeune femme au billet doux", mais les experts sont formels : c’est elle, c’est bien Lolotte…

 



 


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