Fondée en 1134, l’abbaye cistercienne de Salem, proche du lac de Constance, était une des plus puissantes du sud de l’actuelle Allemagne. Ravagée par un incendie en 1697, elle a été reconstruite en cumulant des caractères médiévaux, baroques, rococo… Elle n’est plus occupée par les moines depuis sa sécularisation par Napoléon Ier en 1802, qui en fit cadeau au margrave de Bade en récompense de leur soutien. Le fils du Grand-Duc de Bade récemment décédé (neveu du prince Philippe d’Édimbourg), y avait un appartement que la famille a conservé.
Cette abbaye est vaste comme un village, et comporte, outre un internat célèbre, quelques curiosités artistiques. Ainsi l’autel de Bernhard Strigel (1461-1528), sauvé de l’incendie de 1697, qui présente une Vierge à l’enfant qui est la première scène nocturne de l’art occidental (on garde la trace d’une autre scène nocturne un peu plus ancienne, peinte aux Pays-Bas, mais disparue).
Parmi les nombreuses curiosités de Salem, citons la salle impériale (qui aurait plu à Jean Cocteau, j’y reviendrai), l’église, de style gothique, mais complètement redécorée au XVIIIe siècle, notamment par de magnifiques groupes d’albâtre (j’y reviendrai aussi…), ou encore la bibliothèque. D’abord gothique, celle-ci fut reconstruite en style rococo après l’incendie. Elle présente une allure insensée : des étagères anciennes coexistent avec d’autres, modernes, de style IKEA. Les livres qui les occupent sont des dépôts de diverses bibliothèques allemandes, les moines ayant emporté les leurs lors de la sécularisation. Parmi ces derniers, figurait une collection originale : lors du décès en 1764 de Madame de Pompadour, l’abbé de Salem racheta la bibliothèque de la défunte, et la rapatria dans son abbaye…
Illustrations :
- Une vue du bâtiment principal (180 m de long !)
- Une vue de l’état actuel de la bibliothèque. Les galeries étaient à l’origine soutenues par de lourds piliers gothiques, mais les architectes du XVIIIe siècle préférèrent alléger le décor en les suspendant au plafond.
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