samedi 11 février 2023

L'amant caché !

Les peintres du XVIIIe siècle aimaient titiller le spectateur, en ne racontant qu’un bout d’une histoire. Ils parsemaient aussi leurs toiles d’indices, que le regard aigu de leurs contemporains savaient parfaitement déchiffrer. Ainsi, cette scène de boudoir de Jean-Baptiste Le Prince : une jeune femme en tenue légère, allongée sur un lit en bataille, semble affolée à la vue de quelqu’un, hors cadre, qui entre dans la chambre. Le petit chien se précipite pour faire la fête au visiteur : c’est la preuve qu’il lui est familier. Le fauteuil renversé accroît encore la tension dramatique de la scène. Détail troublant : on remarque deux tasses sur la table à côté de la chocolatière : la jeune femme ne serait-elle pas seule ? On imagine une situation scabreuse, sans en avoir la preuve réelle…
En 1785, Le Mire a tiré de cette toile une gravure (en inversant l’image) et met les points sur les i : à gauche, apparaît la tête du jeune amant, caché dans la ruelle du lit, qui explique l’affolement de la jeune femme. Ce détail (qui n’en est pas un) ne figurait pas sur la toile. Et tout s’explique clairement : comme on s’en doutait, c’est bien le mari, que son épouse n’attendait pas, qui vient d’entrer dans la chambre à ce moment particulièrement mal choisi…
Ci-dessous :
- La Crainte, huile sur toile de 1769, par Jean-Baptiste Le Prince (Metz 1733 - Saint-Denis-du-Port 1781). Collections du Toledo Museum of Art (Le Louvre en possède une copie).
- Aquatinte, gravure par Noël Le Mire (1724-1801).
 


 

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