mercredi 30 octobre 2024

Marie-Anne-Henriette de Payan de l’Estang.

Dans la série des femmes de lettres du XVIIIe siècle bien oubliées, voici Marie-Anne-Henriette de Payan de l’Estang, épouse Ribière (ou Ribère) d’Antremont (marquise d'Antremont), puis de Bourdic, puis Viot. Elle était née à Dresde en 1746, de parents peu fortunés originaires du Dauphiné. Elle est décédée au château de la Ramiere, près de Bagnols (Gard), en 1802.

Elle fut mariée à l’âge de 12 ans – oui, vous avez bien lu, 12 ans ! - au marquis de Ribère-d'Antremont. Il la laissa veuve à seize ans. Elle se remaria avec le baron de Bourdic, major de la ville de Nîmes, après la mort duquel elle épousa M. Viot, commissaire des relations extérieures à Barcelone.

Madame de Bourdic-Viot, qui connaissait le latin, l'allemand, l'anglais et l'italien, ainsi que la musique, fut une femme de lettres très estimée en son temps, en relation épistolaire avec des personnalités aussi célèbres que Voltaire, qui l’encouragea, Thomas Jefferson, Saint-Just ou Benjamin Franklin.

Elle était connue pour son esprit que son amabilité, et ses poèmes ont été beaucoup publiés dans l’Almanach des Muses, une revue poétique fondée en 1765 par Sautreau de Marsy (1740-1815, journaliste et homme de lettres). Cette revue, souvent critiquée pour son côté éclectique (certaine mauvaises langues la surnommaient l’almanach des buses !) connut un succès considérable jusqu’à sa disparition en 1820.

Voici un extrait de son Épitre à ma Muse :

"(…)Je reste dans ma solitude ;

J'y trouve ma tranquillité ;

Un sort exempt d'inquiétude

Vaut mieux que la célébrité.

L'ombre s'accroît, et le silence

Descend de la voûte des cieux ;

Le jour fuit, et la nuit commence.

Règne avec elle dans ces lieux,

Sommeil ; aux loisirs studieux

Fais succéder la nonchalance

Et le repos voluptueux.

Tu m'entends... déjà la paresse

Couronne mon front de pavots ;

En touffe de fleurs la mollesse

S'enveloppe dans mes rideaux,

Et, cédant au dieu qui la presse,

Tombe et s'endort sur mes pinceaux."

 

Illustration : École française du XVIIIe siècle – Euterpe, muse de la musique. Collection particulière.

 


 


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