mercredi 29 janvier 2025

Mes chers confrères...

Je suis heureux de ne pas être le seul Français publié par les éditions italiennes 0 Barra 0 Edizioni. J’ai vérifié, il y en a trois autres, dont les photos figurent ci-dessous : mon pote Pierre Loti, qu’on ne présente plus, Jacques Bacot, mon révéré professeur, immense tibétologue, linguiste, orientaliste, etc., et enfin un type gonflé, cet original de Jules-Léon Dutreil de Rhins, géographe et explorateur.

J’en entends parmi vous ricaner : « Il n’a même pas remarqué qu’ils sont morts les trois, ses chers confrères, et depuis belle lurette ! »
Et alors ? Je m’en fiche, car je ne suis pas superstitieux (par ce que comme on dit, ça porte malheur).
 
Jacques Bacot

Jules-Léon Dutreil de Rhins

Pierre Loti

 

mardi 28 janvier 2025

Pygmalion

La légende de Pygmalion, sorte de métaphore de la création rapportée par Ovide dans les Métamorphoses, fut très en vogue tout au long du XVIIIe siècle. On connaît l’histoire : écœuré par l’inconduite des femmes de son pays (l’île de Chypre), le sculpteur fait vœu de célibat. Mais il tombe amoureux de Galatée, la statue d’ivoire qu’il a créée. Aphrodite, déesse de l'amour, comble les vœux de Pygmalion en donnant vie à la statue. Pygmalion aurait même eu d’elle deux enfants, Paphos et Matharmé. Quant aux filles de Chypre, Aphrodite allume dans leur cœur le feu de l’impudicité ; ayant perdu toute honte, elles seront transformées en rochers...

Les peintres et sculpteurs des XVIIIe (et du XIXe) ont laissé de nombreuses représentations de Pygmalion et Galatée. Ainsi :

François Lemoyne (1688-1737) : « Pygmalion voyant sa statue animée » (Musée des Beaux-Arts de Tours), qui nous montre Galatée, les yeux au ciel, saisie par l’extase de se découvrir vivante, et arborant une superbe écharpe bleue. 

- Louis Jean François Lagrenée, 1781 (Detroit Institute of Arts) – le socle est resté en pierre, mais la statue est vivante, baignée d’une très belle lumière ; un petit Cupidon s’agite.

Jean-Baptiste Regnault 1754-1829), « L’origine de la sculpture ou Pygmalion amoureux de sa statue » 1786 (Louvre-Château de Versailles), où l’on voit le sculpteur, le marteau encore à la main, et sa statue, assise sur son socle, échangeant des regards déjà amoureux.

Une liste complète des œuvres du XVIIIe siècle sur Pygmalion et Galatée serait longue ! Pour ma part, j’ai un faible pour la série des six gravures qu’Emmanuel-Jean-Nepomucène de Ghendt (1738-1815) a produit sur ce thème. J’y reviendrai dans un prochain billet.

 




 

jeudi 23 janvier 2025

La sèche marquise...

"La sèche Marquise médit toujours, met toujours du blanc, joue sans cesse, a conservé son goût pour le vin de Champagne, son teint couperosé, sa taille ridicule, son babil importun, sa vanité, ses vapeurs, son page et ses vieux amants. C'est une femme immuable, celle-là !"

Extrait de Lettres de la marquise de M*** au comte de R***, par Claude-Prosper Crébillon, 1739.

Illustration : Portrait d’une dame inconnue par un peintre inconnu, vers 1770. Il m’est impossible d’illustrer le texte ci-dessus autrement que par le portrait d’une dame inconnue… même si cette inconnue ne méritait pas forcément cette horrible caricature !

 


 


mardi 21 janvier 2025

Merci aux lecteurs des éditions du 38 !

 Les lecteurs des éditions du 38 ont sélectionnés Le Talisman tibétain parmi les dix meilleurs livres vraiment. Ils très bon goût... Merci à eux !

 


vendredi 17 janvier 2025

L'Académie galante

Parmi les multiples sociétés étranges du XVIIIe siècle, l’Académie Galante mérite une mention particulière.

Chez une certaine demoiselle d’Ormilly se réunissaient sept personnes de qualité (la demoiselle en question, son frère, deux autres demoiselles et trois autres cavaliers). Déplorant qu’il existe des académies des sciences, des langues, de musique, etc., mais aucune concernant l’amour, ils décidèrent de se constituer en « Académie Galante ».

Les statuts voulaient qu'on ne reçoive pas d'académiciens n'ayant eu qu'une seule passion dans sa vie, et qu'on expulse tout membre qui se marierait. Comme il y avait plus d’hommes que de femme, il fallut un jour expulser l’un d’entre eux : on choisit de se séparer de celui qui avait eu le moins de maîtresses, sur la base d’aveux d’une totale sincérité. Les dames s’exprimaient sur ce sujet avec la même franchise : c’était la moindre des choses dans une société qui prônait l’égalité des sexes !

L’Académie galante prit fin par le mariage de deux des trois demoiselles fondatrices. La mort de cette société intéressante est chantée ainsi par celui, resté anonyme qui, en raconta l’histoire. Il conclut par cette épitaphe :

L'hymen est le tombeau de la galanterie ;

Le dieu tendre et charmant qui règne sur les cœurs

Exclut presque toujours de son académie

Ceux qui du mariage embrassent les langueurs.

 

Illustration : la déclaration d’amour par Jean-François de Troy, 1731 - Schloss Charlottenburg, Allemagne.

 


 

 

dimanche 12 janvier 2025

Madame de la Reynière et le beau Lugeac.

"M. le marquis de Lugeac, commandant les grenadiers à cheval, fait une cour assidue à Mme de la Reynière, femme du fermier général des postes. Il n'y a cependant encore rien de consommé. Cette dame paraît faire une belle défense. Il est vrai qu'elle est encore remplie de préjugés et s'imagine bonnement que c'est un crime capital de manquer à son mari ; cependant elle paraît flattée des douceurs que lui débite M. de Lugeac, et il y a lieu de présumer que s'il persévère, il bannira de son esprit les terreurs que lui fait son confesseur. Je crois qu'on peut s'en rapporter à lui. "

(Journal des inspecteurs de M. de Sartine, à la date du 7 janvier 1763.)
 
Notes :
- Charles Antoine de Guérin, marquis de Lugeac, ("le beau Lugeac") né en 1720, ancien page et complice des frasques amoureux de Louis XV, nommé colonel à Fontenoy. Cette année 1763 devait lui valoir le grade de lieutenant général et le gouvernement de Toul. Très bel homme, séducteur et bourreau des cœurs célèbre.
- Mme de La Reynière : "Très vaporeuse, très fâchée de n'être pas mariée à la cour, mais belle, obligeante, polie, se plaignant toujours de sa santé, mais aussi ne se plaignant jamais de personne et faisant les honneurs d'une grande maison avec beaucoup de noblesse et de grâce... Toutes ces dames étaient jalouses de l'extrême magnificence de sa maison et de la riche élégance de sa toilette"
(Mémoires de la comtesse de Genlis)
M. de la Reynière, c'était un excellent homme qui aimait les talents et les arts, qui avait une très-bonne maison et le meilleur souper de Paris. Il était le père du célèbre gastronome Alexandre Balthazar Laurent Grimod de La Reynière, (1758-1837).
 
Illustration : Maurice Quentin de La Tour (1704-1788), Portrait de Suzanne de La Reynière (1736-1815). Pastel sur carton, 60 x 50 cm avec cadre. Château d’Aulteribe, à Sermentizon (Puy-de-Dôme).
 

 

mardi 7 janvier 2025

Miroir, mon beau miroir...

« La solitude dans laquelle on me renfermait devenait plus sévère à mesure que mes charmes se développaient. Je devenais régulièrement belle ; les miroirs me le disaient déjà. » (Souvenirs de Mlle Duthé, de Lamothe-Langon).

« Pendant tout ce temps, les filles du sérail sont libres, se visitent et s'assemblent, font leurs exercices de chant et de danses, font résonner les cymbales et les harpes, ou recherchent dans leurs miroirs des positions de corps nouvelles, des attitudes amoureuses et lubriques qui puissent arrêter les regards de l'empereur... » (Le Riche de la Popelinière, Histoire de Zaïrette, 1750).

Très présent dans la peinture du XVIIIe siècle, le thème du miroir est étroitement associé au rococo, qui se plaît au dédoublement et aux reflets :

« Les glaces, à l'époque, ne servent pas uniquement à admirer et elles sont bien plus que les témoins de tendres caresses ou de débauches crapuleuses. La signification en est plus large : elles se rattachent à ce qui constitue l'essence même du rococo. Celui-ci aime jouer sur deux tableaux à la fois dont l'un, proche de l'autre qui lui est en quelque sorte accolé, en est aussi le simulacre, selon les cas la caricature ou l'idéalisation. » (Jean Weisgerber, Le rococo. Beaux-arts et littérature, Paris, PUF, 2001)

 

Illustrations : deux toiles de Jean-Frédéric Schall :

-       - Les appâts multipliés, femme à sa toilette, gouache sur papier, collection privée.

-       - Étude de nu, vers 1780, Musée de Reims.

 


 


samedi 4 janvier 2025

Bonne année 2025 !

Consultons notre almanach… Mais… Nous voici en janvier ! Bonne année 2025 à toutes et tous !

Illustration :  Les étrennes réciproques !

 « Double page d'un petit almanach du XVIIIe siècle de 10 x 6 cm, avec sur la page de droite la partition d'une chanson intitulée « Le rideau entr'ouvert » et sur la page de gauche une gravure pour illustrer le mois de janvier avec pour légende : « Les Étrennes réciproques ». La tradition des étrennes que l'on s'échange pour la nouvelle année est suivie ici d'une manière galante : si les deux protagonistes s'offrent des cadeaux, leur position laisse à penser qu'ils vont faire un peu plus que cela… » (Extrais du site « La mesure de l’excellence).

 


 

Le désordre de mes cheveux noirs...

J’étais là, pâmée, Ignorant le désordre de mes cheveux noirs Combien m’est cher celui qui d’abord les releva      Izumi Shikibu (circa...