lundi 30 décembre 2024

Procula, fille trop gâtée par son papa...

"Certes, avait argumenté Nertomarus, ma Procula n’a que seize ans, mais n’est-il pas recommandé que le mari soit plus âgé que sa femme ? Par ailleurs, ton état d’ancien militaire te rend parfaitement capable de dompter le tempérament entêté de ma fille. Procula a été gâtée par la nature, mais, je le reconnais, encore plus par son père !"

 

Extrait de Alauda, l’alouette qui faisait danser les ours, par Bernard Grandjean, Éditions du 38.

 Illustration : Pinterest - auteur inconnu.


https://www.editionsdu38.com/historique/503-alauda-l-alouette-qui-faisait-danser-les-ours.html

 


 


 


samedi 21 décembre 2024

Sagesse d'hiver...

Sur un mince cristal l’Hiver conduit vos pas,

Le précipice est sous la glace.

Telle est de vos plaisirs la légère surface ;

Glissez, Mortels, n’appuyez pas.

 

Gravure de Larmessin d’après une peinture de Lancret (1690-1743).

Notez les regards des différents protagonistes...

Les Nicolas Larmessin forment une dynastie de graveurs (il y en eut au moins quatre, tous prénommés Nicolas) actifs aux XVIIe et XVIIIe siècles. Cette gravure est du n°4, (1684-1755), contemporain de Watteau).

 


 

 

lundi 16 décembre 2024

Désenchantement.

"… Celui qui n'a jamais cité ses bonnes fortunes, inspire la confiance ; on hésite moins à le rendre heureux ; il obtient des faveurs qu'on ne regrette point et qu'on ne regrettera jamais ; et quand cette douce chaîne vient à se rompre, il conserve encore l'estime et l'attachement de celles qui n'ont plus d'amour, tandis que le fat, décrié, méprisé, trouve dans ses maîtresses désenchantées autant d'ennemies qui souvent font pis que de lui rendre difficiles de nouvelles intrigues."

 

Extrait de Nerciat, Le doctorat impromptu, 1788.

 

Illustration : Jacques-Antoine Vallin (1760-1835), Le désenchantement. Musée de Dijon.

Jacques-Antoine Vallin est un peintre français né en 1760 et mort à Paris en 1835. Il est le fils d’un sculpteur-ciseleur parisien, installé quai de la Mégisserie. Il entre, à l'âge de quinze ans, à l’académie Royale, sous la protection du peintre d’histoire Gabriel Doyen. Il y fut aussi l’élève d’Antoine Renou.

 


 

 

 


jeudi 12 décembre 2024

Gare à la Vouivre !

Je viens d’achever le premier jet d’un roman - provisoirement intitulé "La sorcière de l’étang de la Vouivre", titre romanesque s’il en est ! -, que je m’étais lancé comme un défi : réunir dans un roman policier deux univers qui me sont chers, le XVIIIe siècle et l’Inde.
La Vouivre n’a pas de rôle dans mon roman, je la laisse aux spécialistes du genre. Elle donne juste son nom à un étang où il se passe des choses inquiétantes. Un mot quand même sur elle, que certains parmi vous ne connaissent peut-être pas. Il s’agit d’une créature fantastique, dont la légende est très présente en Franche-Comté (cf. par ex. le roman de Marcel Aymé). Elle se présente sous la forme d’une jolie jeune femme, que l’on découvre généralement étendue nue sur la berge d’un lac ou d’un étang. Elle porte au front une magnifique escarboucle (un grenat rouge foncé). Malheur à l’imprudent qui tente de la lui voler : la jolie naturiste se transforme aussitôt en un monstrueux serpent-dragon et le tue !
Le mot Vouivre serait apparenté à "vaivre" (nom très présent dans la toponymie franc-comtoise, désignant souvent un étang, une source…), lui-même dérivé du vieux français Wivre (serpent).
Bon, à présent, il ne me reste qu’à relire mon texte. La relecture est crainte de tous les auteurs (c'est vraiment là qu'on découvre si on a écrit un roman ou une bouillie), et c'est de toute façon fastidieux. Mais croyez-moi, c’est encore plus pénible avec cette créature dangereuse qui lit par-dessus mon épaule.


 

dimanche 8 décembre 2024

La Belle et la Bête...

On doit à Jeanne-Marie Leprince (1711-1780), demi-sœur du peintre et graveur Jean-Baptiste Le Prince, d’avoir rendu populaire en France la Belle et la Bête, un conte que l’on trouve déjà dans les Métamorphoses d’Apulée, mais aussi plus près de nous en Italie, en Espagne…

Ce conte était d’abord apparu en France en 1740 sous la plume de Gabrielle-Suzanne de Villeneuve. Jeanne-Marie Leprince le reprit dans son manuel d’éducation des enfants en 1756. C’est sur sa version que sont basées les adaptations ultérieures, dont le célèbre film de Cocteau de 1946.

Jeanne-Marie Leprince entre au couvent à 14 ans, dont elle sortira enseignante. D’abord préceptrice à la cour du duc de Lorraine, puis, à partir de 1737, pour les jeunes filles de la Congrégation Notre-Dame, elle reprend cette tâche d’abord, en 1744, pour diriger une école de filles à Reims. De 1748 à 1763, elle devient à Londres gouvernante de jeunes filles de la haute société. Elle regagna ensuite la France.

Sa vie privée est assez éloignée des conventions qu’elle enseigne : elle épouse en 1737 un maître à danser, Claude-Antoine Malter, joueur et infidèle. Elle le quitte, et prend pour amant, à Londres, le marquis de Beaumont, un contrebandier notoire qu’elle fait passer pour son époux et dont elle prend le nom ! En 1762, toujours à Londres, elle prend un nouvel amant, un certain Thomas Pichon (1700-1781), écrivain, mais surtout célèbre espion exilé et traitre à la France, connu sous son surnom de Thomas Tyrrell, qui se fait passer pour son époux… On conviendra que cette vie tumultueuse contraste de façon comique avec la rigueur morale et de la grande religiosité qui baignent les écrits de Jeanne-Marie !

Illustrations :

- Portrait de Jeanne-Marie Leprince de Beaumont, XVIIIème s. Miniature anonyme sur ivoire. BnF

- La Belle, voulez-vous être ma femme ?

Gravure de Teixier qui introduit Le Magasin des enfans,Tome I, publié à Paris, chez Gérard en 1803.

- Portrait de Thomas Pichon dit Tyrell (source : Archives et Bibliothèque du Canada).

 


 





 


vendredi 6 décembre 2024

Parfum...

"Il n’existe dans cette ville qu’un seul parfumeur digne de ce nom, Lucius, un affranchi de mon père. Sa boutique se trouve dans la rue qui mène du cardo maximus jusqu’au temple de Mars…"

Extrait de Alauda, l’alouette qui faisait danser les ours, Éditions du 38.

Le roman, un polar gallo-romain, est à retrouver ici :

https://www.editionsdu38.com/fr/historique/503-alauda-l-alouette-qui-faisait-danser-les-ours.html

Illustration : Un parfumeur antique ! Dessin de Georges Barbier pour « The romance of parfume », 1928 (source: Gallica). 

 


 

 

mardi 3 décembre 2024

Les modèles

Jean-Baptiste Le Prince (1734-1781) élève de Boucher, peintre et graveur, spécialiste de l’aquatinte qui imite à la perfection les lavis de sépia et bistres. Il est le demi-frère de Marie-Barbe Leprince de Beaumont, journaliste auteure de nombreux contes pour enfants, dont la reprise du célébrissime La belle et la bête fit la gloire. Il fit un long séjour en Russie, d’où de nombreuses estampes relatives à ce pays, dont celle des « modèles », « où se voit le Peintre russe assis dans un atelier dessinant des figures nues ».

Gravure d’après Les Modèles, de Jean-Baptiste Leprince, par Joseph de Longueil (1730 -1792).


 


vendredi 29 novembre 2024

Vous toussez ?

Vous toussez ? Vous êtes enrhumé ? Des douleurs ? Si vous parlez italien, courez vite vous soigner chez le meilleur médecin qui soit ! 

(Depuis hier dans toutes les bonnes librairie d'Italie et sur internet)




mardi 26 novembre 2024

Double sens...

"Nous arrivons, l’herbe était grande, nous nous y jetons, la belle était animée, j’étais plein d’ardeur, Vénus donne le signal, la pudeur s’envole, l’amour nous couvre de ses ailes ; le temps nous pressait ; nous ne le fîmes pas attendre ; le nuage se forme ; le ciel s’obscurcit, le tonnerre gronde, il tombe et tout est consommé."

(Extrait de "Thermidor ou mon histoire et celle de ma maitresse", par Godar d’Aucourt, 1745.)

 

 

Illustration : Le consommé - Gravure de Jeanne Deny (née en 1749), d’après Nicolas Lavreince (1737-1807). National Gallery of Art.

Le consommé que la servante tend à un jeune homme serrant contre lui sa maîtresse dépoitraillée sous le regard de Vénus, présente ici un double sens qui n’échappera à personne !
 

 


jeudi 21 novembre 2024

Au temps jadis...

Pour évoquer l’idée du passé, du temps jadis, on employait au XVIIIe siècle différentes expressions parfois colorées. L’une d’elle était : « Du temps qu’on se mouchoit sur la manche… ». Certains prétendent que c’est cette pratique malséante qui aurait conduit à coudre des boutons sur les manches des soldats !

 Illustration : Étude de deux gentilshommes, vers 1700-1710, par Luca Carlevarijs, peintre italien (1663-1730). Victoria & Albert Museum.

 


 

vendredi 15 novembre 2024

Confidence pour confidence…

"Le commencement de ma vie a été un tissu d’horreurs ; mais quoi qu’il en coute à mon amour propre, je te dois confidence pour confidence, leçon pour leçon. Écoute donc, ma chère Thérèse, le récit de mes aventures, en t’instruisant des caprices des hommes qu’il est bon que tu connaisses, pour continuer aussi à te confirmer qu’en effet le vice et la vertu dépendent du tempérament et de l’éducation…"

(Boyer d’Argens, Thérèse Philosophe, 1748.)

 

"…Mais conviens aussi que la bonne femme était peu prudente avec nous ; qu'elle nous faisait sans nécessité les confidences les plus indiscrètes ; qu'elle nous entretenait sans cesse des maximes de la galanterie, des aventures de sa jeunesse, du manège des amants ; et que, pour nous garantir des pièges des hommes, si elle ne nous apprenait pas à leur en tendre, elle nous instruisait au moins de mille choses que des jeunes filles se passeraient bien de savoir."

(J-J. Rousseau, La Nouvelle Héloïse, 1761).

 

"Il fut un temps, sous Louis XV, où les espions étaient si multipliés, qu'il était défendu à des amis qui se réunissaient ensemble, d'épancher mutuellement leurs cœurs sur des intérêts qui les affectaient vivement. L'inquisition ministérielle avait mis ses sentinelles à la porte de toutes les salles, & des écouteurs dans tous les cabinets ; on punissait, comme des complots dangereux, des confidences naïves, faites par des amis à des amis, & destinées à mourir dans le lieu même qui les avait reçues."

(Louis Sébastien Mercier, Tableau de Paris, 1782.)

 

Illustration : François Boucher, Les deux Confidentes (détail) 1750, National Gallery Washington.



dimanche 10 novembre 2024

"Avec un si grand ragoût..."

"L’escole des filles, ou la philosophie des dames", écrit en 1665 par un anonyme, passe pour le premier roman érotique de la littérature française. Il s’agit d’une sorte de texte initiatique aux choses de l’amour et du sexe, au travers de deux dialogues entre deux filles, la délurée Susanne et sa cousine Fanchon. Chaque stade est soigneusement numéroté, ce qui permet au lecteur, ou à la lectrice d’aller immédiatement à l’expérience qu’elle souhaite approfondir. Soucieux d’éviter le pire, je me contenterai de rapporter ce que Susanne dit du baiser :

"Voici comment il arrive quelquefois que le garçon et la fille sont seuls dans une chambre ou dans un jardin, il n'importe point où, et s'entretiennent de choses indifférentes, le plus souvent ils ne pensent, point à se faire bien aises ni à se donner du plaisir, à cause de quelque autre souci qu'ils auraient en tête, et le garçon voudrait seulement baiser une fois la fille avant de s'en aller, comme par manière d'acquit. La fille qui est faite à cela, si tôt qu'elle sent la bouche du garçon contre la sienne, vient à pousser petit à petit sa langue en pointe dedans, et la fait frétiller contre ses lèvres, avec un si grand ragoût que cela met en humeur le garçon, qui la prie de recommencer..."

 

 Illustration : Le baiser, par Jean Honore Fragonard (1732-1806). Collection privée.


 

 

mercredi 6 novembre 2024

Trompe l'œil...

Gaspard Gresly est un peintre franc-comtois né à l’Isle-sur-le -Doubs en 1712 et décédé à Besançon en 1756. À côté de scènes de genre, montrant la vie quotidienne, les petits métiers et les marchands, il s’était fait une spécialité : le trompe-l’œil. Proche du comte de Caylus (très célèbre antiquaire et collectionneur de son temps), il reçut de nombreuses commandes d’amateurs d’art parisiens.

Ses trompe-l’œil sont souvent construits de façon identique : des estampes, lettres, etc., collées à la cire rouge sur des planches de sapin. Certaines sont à plusieurs niveaux de lecture, parfois même de véritables rébus…

Trois exemples :

-               Trompe-l’œil avec le portrait du chirurgien Le Cat, (collection particulière, vers 1752), avec le quatrain :

"Tu goutes les douceurs d’une étude féconde

Minerve t’enrichit de ses dons précieux,

Et ta main aux fléaux qui ravagent le monde

Oppose les secours d’un art ingénieux."

-               Trompe-l’œil avec l’Almanach du solitaire pour l’année 1739, une bourse et deux autres gravures.

-               Trompe-l’œil avec une boîte demi-ouverte et le portrait d’une femme écrivant une lettre.

 




 


mercredi 30 octobre 2024

Marie-Anne-Henriette de Payan de l’Estang.

Dans la série des femmes de lettres du XVIIIe siècle bien oubliées, voici Marie-Anne-Henriette de Payan de l’Estang, épouse Ribière (ou Ribère) d’Antremont (marquise d'Antremont), puis de Bourdic, puis Viot. Elle était née à Dresde en 1746, de parents peu fortunés originaires du Dauphiné. Elle est décédée au château de la Ramiere, près de Bagnols (Gard), en 1802.

Elle fut mariée à l’âge de 12 ans – oui, vous avez bien lu, 12 ans ! - au marquis de Ribère-d'Antremont. Il la laissa veuve à seize ans. Elle se remaria avec le baron de Bourdic, major de la ville de Nîmes, après la mort duquel elle épousa M. Viot, commissaire des relations extérieures à Barcelone.

Madame de Bourdic-Viot, qui connaissait le latin, l'allemand, l'anglais et l'italien, ainsi que la musique, fut une femme de lettres très estimée en son temps, en relation épistolaire avec des personnalités aussi célèbres que Voltaire, qui l’encouragea, Thomas Jefferson, Saint-Just ou Benjamin Franklin.

Elle était connue pour son esprit que son amabilité, et ses poèmes ont été beaucoup publiés dans l’Almanach des Muses, une revue poétique fondée en 1765 par Sautreau de Marsy (1740-1815, journaliste et homme de lettres). Cette revue, souvent critiquée pour son côté éclectique (certaine mauvaises langues la surnommaient l’almanach des buses !) connut un succès considérable jusqu’à sa disparition en 1820.

Voici un extrait de son Épitre à ma Muse :

"(…)Je reste dans ma solitude ;

J'y trouve ma tranquillité ;

Un sort exempt d'inquiétude

Vaut mieux que la célébrité.

L'ombre s'accroît, et le silence

Descend de la voûte des cieux ;

Le jour fuit, et la nuit commence.

Règne avec elle dans ces lieux,

Sommeil ; aux loisirs studieux

Fais succéder la nonchalance

Et le repos voluptueux.

Tu m'entends... déjà la paresse

Couronne mon front de pavots ;

En touffe de fleurs la mollesse

S'enveloppe dans mes rideaux,

Et, cédant au dieu qui la presse,

Tombe et s'endort sur mes pinceaux."

 

Illustration : École française du XVIIIe siècle – Euterpe, muse de la musique. Collection particulière.

 


 


samedi 26 octobre 2024

Un auteur qui monte !

Ne vous laissez pas enfumer par la comédie des prix littéraires ! Lisez les romans de Bernard Grandjean, l'AUTEUR QUI MONTE !

 


 

mercredi 23 octobre 2024

Table servie !

"Cependant, la princesse ayant achevé d'éplucher les oignons, on mit la table, et j'eus l'honneur d'être présent à son souper, qui consistait en un haricot aux navets pour entrée, une oie grasse pour rôt, accompagnée de sa salade, et pour entremets un cervelas de la rue Desbarres, avec deux plats de dessert, composés d'un demi-quarteron de poires de Martin-sec et d'un morceau de fromage de Brie, exhalant une odeur tout à fait semblable à celle dont Henri IV faisait si grand cas."

(Extrait de Le canapé couleur de feu : histoire galante, par Fougeret de Montbron, 1714.)

 

Illustration : Pierre Antoine Fraichot, Table servie au fromage et aux fraises, milieu du XVIIIe siècle, huile sur toile, 74 x 97,2 cm. Besançon, musée des Beaux-Arts et d’Archéologie.

 


 

jeudi 17 octobre 2024

Marianne Loir

Une artiste un peu oubliée : Marianne Loir.

Née à Paris le 10 décembre 1705 dans une famille comptant de nombreux artistes et artisans d’art. Elle y mourra le 11 mai 1783 et est inhumée le lendemain en l’église Saint-Roch, lieu de sépulture de nombreux artistes de l'époque.

Suivant son frère à Rome, où il est pensionnaire de l’Académie de France ; elle se forme alors auprès de Jean-François de Troy (1679-1752), qui en est le directeur.

Sa spécialité sera le portrait à l’huile ou aux pastels, et devient la grande spécialiste des portraits de la noblesse de province. On lui doit en particulier celui de la Marquise du Châtelet (1706-1749), femme de lettres éminente, célèbre pour sa longue liaison avec Voltaire.

L’image de Marianne Loir serait bien lisse si certaines indications ne venaient pas lui donner un peu de relief : il semble bien qu’elle fut initiée à l’ordre de la Culotte, fondé durant la Régence par l'épicurien fermier-général Saint-Amarand (un ordre dont j’ai parlé ici en mai dernier). Rien de très coquin, rassurez-vous, surtout du loufoque !

 Illustration : Marianne Loir, portrait d’un femme en Flore, collection privée.

 


 


mercredi 9 octobre 2024

Parfums oubliés...

Le passionnant petit musée adjacent à l’opéra de la Margravine Wilhelmine de Bayreuth fait découvrir comment, au XVIIIe siècle, on imitait dans les théâtres le bruit de la pluie ou du vent (par des machines spéciales), ou comment on montrait sur scène une mer déchaînée !

Intéressantes aussi ces coupelles permettant aux visiteurs de respirer des odeurs oubliées : les parfums préférés des dames de l’époque, mais aussi l’odeur de suif des chandelles (assez particulière) qui régnait dans de nombreuses pièces, et également ces fameux sels qu’on faisait respirer aux dames évanouies (merci, le corset !). En fait, quand on met le nez dessus, on respire une puissante bouffée d’ammoniac ; de quoi réveiller un mort…

Illustrations :

-        Vue d’un décor de scène de l’opéra de la Margravine de Bayreuth (photo de l’auteur), avec un mannequin en robe copie d’époque.

-       Scène de « vapeur » ; auteur de la photo inconnu.

 


 




 

jeudi 3 octobre 2024

Dorote et Nicomède

L'époque étant lourde, je vous propose un peu de légèreté avec Dorote et Nicomède :

"Dorote a la tournure et l’air fin des Amours :

Elle est sainte comme eux. Sa fête est tous les jours.

Dorote cependant ne veut pas que l’on chôme ;

Rester les bras croisés, c’est lui faire dépit.

Il faut pour ses beaux yeux se brouiller avec Rome.

À certain Nicomède, hier, près de son lit,

L’agaçante friponne dit :

J’ai toujours désiré d’être un homme.

Nicomède à cela, bras balans, répondit :

Vraiment da ? Mais pourquoi ? La chrétienne reprit :

Nigaud ! Pour faire nombre avec les bons Apôtres :

En tout temps, je ferais aux autres

Ce que je voudrais qu’on me fit."

 

(Extrait de Le fond du sac, recueil de contes galants en vers des XVIIe et XVIIIe siècles).

Illustration : Marie-Victoire Lemoine (1754–1820), « jeune fille en Flore », vers 1785. Collection privée. Cette jeune fille délurée, qui semble nous adresser un signe de la main, n’a-t-elle pas l’air coquin d’une Dorote ?



vendredi 27 septembre 2024

Une pluie de flèches...

"Les cavaliers mongols en fuite franchissent le fossé d’un bond ; mais au lieu de poursuivre leur galop éperdu, ils tournent bride et bandent également leurs arcs, comme les hommes du fossé, et c’est une pluie de flèches capables de tuer à plus de cinquante pas qui s’abat sur les assaillants. "

Extrait de "Le yak aux cornes d’or", publication KDP.

Prix 3,5 Euros en édition numérique, 12,66 Euros broché. À retrouver ici :

https://www.amazon.fr/dp/B0BV2F4B2F 

 


 

mercredi 25 septembre 2024

Bergères, craignez vos songes....

 Le Dictionnaire historique portatif des Femmes célèbres (1769) cite Marie-Thérèse Potar Dulu, parisienne, fille de M. Potar, secrétaire du roi du grand collège. Il est dit qu’elle s’est «distinguée par plusieurs petits ouvrages en vers, imprimés dans les Mercures, entre autres par cette Ode anacréontique qu’elle fit à l’âge de dix-sept ans». Je vous épargne tous les couplets pour n’en garder que trois. Marie-Thérèse explique combien elle se méfie de l’amour. Il faut reconnaître qu’à dix-sept ans, elle en savait déjà long sur les méfaits du petit dieu ailé au redoutable carquois !

 
"À l’ombre d’un myrte assise,
Je m’endormis l’autre jour :
Quel sommeil ! Quelle surprise !
Je vis en songe l’amour.

Qu'il me paroissoit aimable !
Mon cœur en fut enchanté ;
Il n'avoit de redoutable
Que son nom & sa beauté."

(Malgré la demande de Cupidon, elle refuse de chanter ses louanges)

 
"S'il faut qu'un jour je te chante,
Le tems n'en est pas venu ;
Faut-il donc, pour qu'on te vante,
Ne t'avoir jamais connu ?

Bergères, craignez vos songes ;
Quand vos sens en font flattés ;
L'Amour, des plus doux mensonges ;
Fait de tristes vérités."


Illustration : La bergère endormie, gravure de 1758 par Jean Daullé (1703-1763) d’après François Boucher. Musée du Louvre.

 


 

La secte des Anandrynes...

Marie-Antoinette-Joseph Saucerotte, dite Françoise Raucourt (admirez l’astuce), fille née en 1756 d’un piètre acteur de p...