vendredi 28 juin 2024

L'artiste et son modèle.

L’artiste et son modèle, un sujet abondamment traité par les peintres du XVIIIe siècle.

Certaines représentations sont gentillettes, comme cette toile de 1796 de Louis Leopold Boilly (1761-1845) où l’on voit une femme dans son atelier dessinant un jeune garçon qui semble s’ennuyer ferme (Schwerin, Staatliches Museum). Même commentaire pour cette toile d’Yvan Ivanovich Firsov (Russe, 1733-1785), intitulée le jeune peintre (1765-1768).

D'autres représentations sont bien moins innocentes, telle par exemple ces "Débuts du modèle", de Fragonard, peinte en 1769 (Musée Jacquemart-André). On y voit une mère (ou une maquerelle !) présentant une jeune fille à l’artiste, dont elle a dénudé la poitrine. Du bout de sa baguette, le peintre lui soulève le jupon, indiquant qu’il veut en voir davantage. Le baron Portalis, l’un des meilleurs connaisseurs de Fragonard, ne manquait pas de souligner le brio de l’exécution dont faisait preuve ce dernier : "Imaginez tout ce que vous pouvez rêver de plus blond, de plus rose, de plus clair ; pétrissez ces tons avec esprit, mais avec l’esprit inimitable du maître, et vous aurez l’impression ressentie. Le pinceau glisse sans appuyer sur les roses éteints du déshabillé d’atelier d’un jeune peintre occupé à soulever, du bout de son appuie-main, les derniers voiles de son modèle". On a aussi écrit que ce petit tableau exprimait toute la séduction du XVIIIe siècle…

Enfin, le très libertin Frederic Schall montre quant à lui le modèle et son peintre dans une scène galante déjà fort éloignée de l’art pictural.

 





 

Une vendetta tibetana !

 À compter d'aujourd'hui, disponible dans toutes les bonnes librairies d'Italie (et d'ailleurs, y compris sur Internet !)

https://www.obarrao.com/libro/9788869681509

dimanche 23 juin 2024

Armé de ma lanterne...

"Après m’être assuré que tout était tranquille dans le château, armé de ma lanterne sourde, et dans la toilette que comportait l’heure et exigeait la circonstance, j’ai rendu ma première visite à votre pupille. (…) Elle était dans son premier sommeil et dans celui de son âge, de façon que je suis arrivé jusqu’à son lit sans qu’elle se soit réveillée …"

(Extrait de Chaderlos de Laclos, "Les liaisons dangereuses, ou lettes dans recueillies dans une société et publiées pour l’instruction de quelques autres", 1782. Lettre XCVI du Vicomte de Valmont à la Marquise de Merteuil.)

Comment évoquer la société du XVIIIe siècle sans citer l’un de ses plus célèbres romans…

Illustration : gravure représentant la scène d’après l’édition de Londres de 1796.

 


 


dimanche 16 juin 2024

La très dépensière Mademoiselle Deschamps...

Parmi les figures pittoresques, et galantes, de la scène du XVIIIe siècle, Mademoiselle Deschamps (Marie-Anne Pagès, dite Mlle Deschamps l'aînée, 1730-1764), mérite une place de choix.

On ne sait pas grand-chose de son enfance, sinon qu'elle était fille d'un savetier pour dames parisien. Même les dates de sa naissance et de sa mort sont peu sûres. D'abord danseuse à l'Opéra-Comique, puis à l'Opéra, elle était considérée comme "la plus comblée en même temps que la plus dépensière de toutes les filles du siècle".

Selon l'avocat Carsilier, "son luxe est l'étonnement de tout Paris ; les mines de Golconde ont été épuisées pour elle. L'or germe sous ses pas et les arts à l'envi ont fait de son habitation un palais enchanté". Son hôtel de la rue Nicaise était en effet d’un luxe éblouissant, mais il faut dire que parmi ses principaux bienfaiteurs figuraient le fermier général Brissart et le duc d'Orléans en personne !

Les anecdotes au sujet de Mademoiselle Marie-Anne Deschamps sont innombrables. On cite l'histoire de ce financier qui l’acheta… avec son lit !

Son évasion de la prison de l'archevêché de Lyon, où elle avait été enfermée sur la plainte d'un prélat qu'elle avait ruiné "trop vite", est fameuse. Disons d’abord que le cachot était confortable : non seulement la jolie prisonnière avait pu y apporter ses meubles de prix, garder sa femme de chambre et son laquais, mais sa cellule était devenue à Lyon le salon à la mode, voire même " le temple de la Volupté" ! Elle décida pourtant de le quitter. "Elle fit sortir vendredi trois grandes malles, dans l'une desquelles elle s'étoit mise elle-même ; on la porta au logis de la Bombarde, qui est près de là, et l'on conte que, le lendemain, elle est partie pour Avignon".  (Favart, Correspondance, 1808).

La malheureuse Marie-Anne, qui avait été si riche, mourut dans la pauvreté et dans l’indifférence des gazettes à seulement 34 ans ; mais saisie par la grâce, sous le regard bienveillant du curé de Saint-Sulpice et celui, toujours soupçonneux, des exempts du roi ; on ne compte plus les rapports de police sur sa personne…

Lors de la création du devin du village (petit opéra en un acte, paroles et musique de J-J Rousseau) par l'Académie royale de Musique et de Danse en 1753, Mlle Deschamps joua une "jeunesse", parmi la troupe de jeunes gens du village. Deux images de l’époque :

-       "Colette et le Devin", par Jean-Michel Moreau, le Jeune, 1778. © Bibliothèque nationale de France.

-       Melle Laruette et Mr Suier dans une scène du Devin du village (aquarelle).

Notons qu’il existe une biographie de Mlle Deschamps, publiée en 1906 par MM. G. Capon et R. Yve-Plessis, et largement rédigée sur la base des notes de Police !

 



 

jeudi 13 juin 2024

Révisez votre italien !

Il serait important de commencer à réviser votre italien pour les vacances ! (Vous aurez une très bonne opportunité à partir du 28 juin)


 

dimanche 9 juin 2024

Uchronie...

Et si on réécrivait l’Histoire ?

Imaginons que le Japon n’aurait pas attendu 1850 pour s’ouvrir aux influences européennes, mais y aurait cédé un siècle plus tôt !

Paul Binnie, artiste écossais né en 1967, est un spécialiste des estampes japonaises, qu’il créé dans l’esprit et selon la technique traditionnelle. Il a réalisé celle-ci, datée de novembre 2015, montrant une dame japonaise du XVIIIe siècle (vers 1780 selon la perruque toutes voiles dehors), vêtue d’une robe de cour, prenant le thé dans un parc japonais de la même époque avec ses contemporaines, amusées et surprises. À noter que la dame n’utilise pas un bol, comme le veut la pratique japonaise de l’époque, mais une tasse à anses, à l’Européenne… Comment disait-on shocking, dans le japonais de l’époque ?

 


 

mercredi 5 juin 2024

La chasse...

" L'archevêque de Narbonne vivait avec sa nièce, Mme de Rothe. Il avait huit cent mille livres de rentes des biens du clergé. Il habitait le plus souvent son magnifique domaine de Hautefontaine, où le ton était d'une certaine liberté. Grand chasseur, cet archevêque bouscula un jour avec ses chiens et ses chevaux une procession qui lui barrait le passage. Cela ne l'empêchait pas d'interdire la chasse aux prêtres de son diocèse. « Pourquoi la leur défendez-vous, lui demanda un jour Louis XVI, puisque vous vous la permettez ? – Pour une raison très simple, Sire, répondit spirituellement l'archevêque : c'est que mes vices viennent de ma race, et que les vices de mes curés sont d'eux-mêmes."

(Étienne Léon de Lamothe-Langon, Souvenirs de Mlle Duthé de l’opéra, 1748-1830)

Illustration : La grande curée du cerf en forêt de Saint-Germain-en-Laye en vue de l'abbaye de Poissy (d'après Oudry) - vers 1778 - RMN-Grand Palais - Château de Versailles – photo Gérard Blot.

 


 

Les belles Italiennes !

Nostalgie des retours de vacances (pour certains)... « Une femme jeune, belle et bien faite, qui se nommait la signora ...