dimanche 16 juin 2024

La très dépensière Mademoiselle Deschamps...

Parmi les figures pittoresques, et galantes, de la scène du XVIIIe siècle, Mademoiselle Deschamps (Marie-Anne Pagès, dite Mlle Deschamps l'aînée, 1730-1764), mérite une place de choix.

On ne sait pas grand-chose de son enfance, sinon qu'elle était fille d'un savetier pour dames parisien. Même les dates de sa naissance et de sa mort sont peu sûres. D'abord danseuse à l'Opéra-Comique, puis à l'Opéra, elle était considérée comme "la plus comblée en même temps que la plus dépensière de toutes les filles du siècle".

Selon l'avocat Carsilier, "son luxe est l'étonnement de tout Paris ; les mines de Golconde ont été épuisées pour elle. L'or germe sous ses pas et les arts à l'envi ont fait de son habitation un palais enchanté". Son hôtel de la rue Nicaise était en effet d’un luxe éblouissant, mais il faut dire que parmi ses principaux bienfaiteurs figuraient le fermier général Brissart et le duc d'Orléans en personne !

Les anecdotes au sujet de Mademoiselle Marie-Anne Deschamps sont innombrables. On cite l'histoire de ce financier qui l’acheta… avec son lit !

Son évasion de la prison de l'archevêché de Lyon, où elle avait été enfermée sur la plainte d'un prélat qu'elle avait ruiné "trop vite", est fameuse. Disons d’abord que le cachot était confortable : non seulement la jolie prisonnière avait pu y apporter ses meubles de prix, garder sa femme de chambre et son laquais, mais sa cellule était devenue à Lyon le salon à la mode, voire même " le temple de la Volupté" ! Elle décida pourtant de le quitter. "Elle fit sortir vendredi trois grandes malles, dans l'une desquelles elle s'étoit mise elle-même ; on la porta au logis de la Bombarde, qui est près de là, et l'on conte que, le lendemain, elle est partie pour Avignon".  (Favart, Correspondance, 1808).

La malheureuse Marie-Anne, qui avait été si riche, mourut dans la pauvreté et dans l’indifférence des gazettes à seulement 34 ans ; mais saisie par la grâce, sous le regard bienveillant du curé de Saint-Sulpice et celui, toujours soupçonneux, des exempts du roi ; on ne compte plus les rapports de police sur sa personne…

Lors de la création du devin du village (petit opéra en un acte, paroles et musique de J-J Rousseau) par l'Académie royale de Musique et de Danse en 1753, Mlle Deschamps joua une "jeunesse", parmi la troupe de jeunes gens du village. Deux images de l’époque :

-       "Colette et le Devin", par Jean-Michel Moreau, le Jeune, 1778. © Bibliothèque nationale de France.

-       Melle Laruette et Mr Suier dans une scène du Devin du village (aquarelle).

Notons qu’il existe une biographie de Mlle Deschamps, publiée en 1906 par MM. G. Capon et R. Yve-Plessis, et largement rédigée sur la base des notes de Police !

 



 

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